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« VIVA L’OPÉRA » : VIVA VERDI 3 – ATTILA

ATTILA de Giuseppe VERDI

Attila est un opéra en un prologue et trois actes sur un livret de Temistocle Solera tiré de la tragédie de Zacharias Werner. Attila, König der Hunnen, et créé au Teatro la Fenice de Venise le 17 mars 1846

Temistocle Solera conquiert sa notoriété grâce à sa collaboration avec Giuseppe Verdi pour lequel il écrivit les livrets d’ Oberto, Conte di San Bonifacio (1839), Nabucco (1842) I Lombardi (alla prima crociata) (1843) Giovanna d’Arco (1845). Solera était à l’origine du projet d’Attila et devait en assurer la versification. Verdi évita les mondanités milanaises et grâce à ses précédents opéras et leurs succès, de retour à Busseto, il a pu acquérir le Palazzo Cavalli où il installa ses parents. Lorsqu’il regagna Milan pour achever Attila, il constata que Solera était parti en Espagne et qu’il n’avait pas terminé le livret ! C’est Piave, l’auteur d’Ernani, qui s’en occupa! Solera ne le trouva pas à son goût et en fit part à Verdi qui l’envoya promener. Ils n’eurent plus jamais de relation !

Lorsque Verdi se rendit à Venise, son état de santé, à 33 ans, déjà pas brillant, se détériora – problème de gorge, nerfs à vifs, travail incessant, stress constant avec le soucis de toujours se renouveler, années de deuil et surtout plaire au publique – la rumeur de sa mort courut dans la cité des doges ! Il se remit et supervisa la première, les répétitions s’étant bien passées. Ce fut un fiasco ! Á la troisième représentation se fut un triomphe ! Peu interprété aujourd’hui cet opéra n’a pas atteint le statut, parmi ses œuvres de jeunesse, de Nabucco ou de Macbeth. Si cet opéra n’a plus rien à voir avec ces précédents dans sa construction musicale, il reste encore cette idée que l’opéra se doit d’être héroïque et sentimental. L’opéra devait donner, à l’opinion publique, en ces temps d’occupation, un rendez-vous des patriotes.

Verdi s’exprime au sujet d’Attila : « Je suis fatigué de ces fanfares sur la scène. [Elles] n’ont plus le prestige de la nouveauté. Et puis des marches, j’en ai déjà fait beaucoup : une guerrière dans Nabucco, une autre solennelle et grave dans Giovanna d’Arco, et je n’en ferai jamais de meilleure. Enfin ! Ne peut-on faire un opéra grandiose sans le fracas de la fanfare ? Et Guillaume Tell ? et Robert le Diable ? ne sont-ils pas grandioses ? Et pourtant ils n’ont pas de fanfare ! Désormais la fanfare est un genre provincial [una provincialata] qui n’a plus lieu d’être dans les grandes villes »

Julian Budden le célèbre musicologue anglais qui a écrit sur la vie et l’œuvre de Verdi (Oxford University part II), s’exprime ainsi sur Attila : « C’est le plus lourd et le plus bruyant de tous les opéras de la période du Risorgimento, brusque dans le style, tout plâtré de couleurs intenses et criardes, plein d’effets théâtraux sans profondeur et doté d’un nombre excessif de cabalettes impétueuses ». Mais Macbeth (1847) et surtout Luisa Miller (1849) suivront et Verdi va abandonner cette manière d’écrire l’opéra.

L’Argument

À Aquilée, autour de la moitié du Ve siècle. Odabella, fille du seigneur de la ville, a perdu sa famille lors du pillage perpétré par Attila et entend se venger en le tuant. Elle-même a été épargnée par Uldino, un esclave d’Attila. Impressionné par son courage, Attila lui fait don de son épée. Le général Ezio envoyé de Rome, propose à Attila un accord de division de l’Empire.

– Au moment du duo Ezio Attila retentissent les paroles « Avrai tu l’universo, resti l’Italia a me » On peut s’imaginer l’effet produit sur le public du Risorgimento italien par ces mots et par la fière et vaillante musique qui les accompagnait –

Mais Attila le dénonce comme traître et refuse. Près d’une lagune (futur site de Venise) un bateau arrive avec des survivants d’Aquilée dont Foresto qui se lamente sur le sort de sa chère Odabella. Il propose alors à ses compagnons de construire une nouvelle cité.

un hommage aux Vénitienx fait par Temistocle Solera : «Cara patria già madre e regina»  – Veriano Luchetti

Acte I

Les Huns se sont rapprochés de Rome avec l’intention de piller la Ville. Odabella rejoignant son amant Foresto, l’informe de son plan de vengeance. Pendant ce temps, Attila dit à Uldino qu’il a rêvé d’un vieil homme lui prédisant désastre et mort et lui conseillant de faire marche arrière. Attila d’abord ébranlé, retrouve son courage et ordonne la marche sur Rome. Un hymne chrétien se fait alors entendre et Attila reconnaît le vieil homme de son rêve en l’évêque romain Leone venu le trouver avec la population de Rome. Leone répète sa prophétie. Attila se soumet à cette volonté divine et renonce au pillage.

Acte II

Une trêve a été conclue. Ezio se lamente sur le contraste entre la gloire passée de Rome et la faiblesse présente de l’empereur-enfant Valentinien. Foresto apporte une invitation à un banquet offert par Attila en l’honneur d’Ezio. Celui-ci propose à nouveau l’alliance à Attila. Odabella, entre-temps, a appris que Foresto veut empoisonner le roi. Elle prévient Attila, non par pitié, mais pour avoir le privilège de le tuer. À la demande d’Odabella, Attila pardonne à Foresto, qui peut s’enfuir. Ne comprenant pas les motivations d’Odabella, Attila annonce son mariage avec celle qui vient de le sauver et proclame qu’il n’envahira pas Rome.

Acte III

Foresto, informé du mariage par Uldino, pense qu’Odabella l’a trahi. Ezio arrive avec un plan pour attaquer les Huns. Lorsqu’Odabella apparait, Foresto l’accuse de trahison, mais elle implore son pardon et lui jure fidélité. Attila survient, les surprend tous les trois et comprend qu’ils veulent le tuer. Le roi des Huns leur rappelle qu’il a épargné Rome, a concédé sa grâce à Foresto et il est sur le point d’épouser Odabella. Celle-ci satisfait sa soif de vengeance en le poignardant, pendant que Huns et Romains s’affrontent. Les trois conspirateurs crient que le peuple romain a été vengé.

Teatro alla Scala di Milano 1990 – Attila : Samuel Ramey, Ezio : Giorgio Zancanaro, Odabella : Cheryl Studer, Foresto : Kaludi Kaludov, Uldino : Ernesto Gavazzi, Leone : Mario Luperi, Chœur et Orchestre de La Scala sous la direction de Riccardo Muti, Mise en Scène : Jérôme Savary

bonus: Luciano Pavarotti, «Oh dolore». Orchestra del Teatro alla Scala di Milano, direction Claudio Abbado.

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