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« YOANN IACONO : LE STRADIVARIUS DE GOEBBELS » : QUI ÊTES VOUS NEJIKO SUWA ?

LE STRADIVARIUS DE GOEBBELS 

Roman de Yoann Iacono

Slatkine & Cie

269 pages

L’HISTOIRE

Ce récit est le roman vrai de Nejiko Suwa, jeune virtuose japonaise à qui en 1943, Joseph Goebbels offre un Stradivarius pour célébrer l’Axe Berlin-Tokyo. Nejiko l’ignore alors, le violon appartient à un Français, Lazare Braun, musicien juif spolié et assassiné par les nazis. Elle ne parvient pas à jouer de l’instrument. Tous les violons ont une âme. L’histoire du Stradivarius la hante. Après-guerre, Félix Sitterlin, le narrateur, est chargé par les autorités de la France Libre de retrouver le violon volé. Il rencontre Nejiko. Elle finit par lui confier son journal.

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L’AVIS

Ce premier roman est attachant à plus d’un titre. Yoann Iacono a choisi le mode romanesque pour nous plonger dans cette histoire véridique, terrifiante et édifiante : la guerre, les exactions japonaises en Chine, celles des nazis dont le comportement de Herbert Gerigk, musicien raté, qui a écrit une dictionnaire des juifs en musique, qui était en charge de récupérer tous les instruments de musique des juifs en France, (en deux ans il aurait pillé plus de 35 000 maisons et appartements) et qui, après la guerre, se la coula douce en Allemagne, comme beaucoup d’autres nazis, sans être inquiété, qui écrivit une dictionnaire sur la musique et qui devint un célèbre critique musical…

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La réal politique avec le comportement des Américains après la guerre qui avaient besoin du Japon pour lutter contre le communisme et spécialement en Corée..et au milieu de tout cela une jeune japonaise à qui on a offert un violon et quel violon, un Guarneri, et qui de nazis en nazis, de japonais en japonais pas plus fréquentables n’avait que comme seul soucis d’arriver à faire bien sonner son violon dont la provenance ne l’empêchait pas de dormir. Nejiko Suwa devenue une icône, a joué devant les plus grands assassins que le XXème siècle a connu, devant l’Empereur Hirohito, devenu le jouet des Américains, devant une bande de collaborateurs japonais mis en prison puis graciés, qu’elle avait fréquentés en Allemagne, dont un avait été son amant, puis s’est retrouvée à Los Angeles pour un concert qui célébrait l’amitié americano-japonaise et face à de nombreux juifs immigrés occidentaux, dont André Prévin…

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Ce livre passionnant, pose le problème de la musique et son pouvoir politique…Furtwängler était resté en Allemagne pour résister face à l’hégémonie nazie, Richard Strauss, Herbert Karajan n’avaient pas les mêmes point de vue.. tout n’est qu’affaire de conscience, celle de Nejiko Suwa s’est réveillée bien tard ; j’étais jeune dira-t-elle et je ne savais pas…Tout le livre est là, à travers cette histoire totalement incroyable, Yoann Iacono dans un style simple, avec des mots justes, nous entraîne dans cette époque folle, pleine de bruits et d’horreurs au son de Beethoven et de Wagner ! Attention lorsque vous commencerez à lire la première page vous ne pourrez pas abandonner ce violon tragique, c’est le danger de toute bonne musique des mots !

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