Samedi 23 juillet 2022,
16h30 Cour d’Honneur des Archives Nationales, Paris 75003
20h Cathédrale Sainte-Croix-Des Arméniens Paris 75003
Du 3 juillet au 23 juillet 2022, des jeunes gens sont venus face à un public très divers, s’exposer dans des œuvres du répertoire, certaines contemporaines et à chaque concert la présence d’une compositrice. Les deux derniers concerts étaient offerts par un duo (Marie-Astrid Hulot violon, Jean-Baptiste Maizières, violoncelle) et un trio celui Zeliha ( Manon Galy, violon, Maxime Quennesson, violoncelle, Jorge Gonzalez Buajasan, piano).
Lorsque l’on est jeune on aime prendre des risques et c’est tout à fait normal. Lorsque l’on est face à public qui vient écouter au soleil, par hasard, gratuitement, avec des enfants (c’est le vœu des organisateurs) assis ou debout dans la cour des Archives Nationales, on doit réfléchir à ce que l’on peut lui proposer, contrairement à un espace où les spectateurs achètent leurs places en toute connaissance de cause, attirés plus par le programme que par les interprètes, pas encore très médiatisés (c’est le rôle des Jeunes Talents de les faire connaître depuis plus de vingt ans). Non cher Jean-Baptiste Maizières on n’est pas obligé de faire du Johnny Hallyday pour faire plaisir au public, mais interpréter la sonate pour violon et violoncelle de Ravel, une œuvre austère, sous le cagnard et le vent, il faut être sacrément fort pour la mener à bien, dans de telle condition et passionner le public présent. C’était juste un bémol, car le public a apprécié votre El Castillo Interior, la composition de Peteris Vasks, compositeur contemporain, aux accents d’Arvo Part, la jolie sonate en ré majeur de Boccherini arrangée par le violoncelliste Paul Bazelare et surtout l’arrangement qu’a fait Johan August Halvorsen (1864-1935) de la suite n°7 de Haendel rendue célèbre par Stanley Kubrick dans son Barry Lindon. Est-ce simplement une coïncidence mais le trio Zeliha a interprété le Trio op.100 n°2 de Schubert le soir même, dont l’andante avez envouté ce même réalisateur pour le même film ! Pour mémoire, le réalisateur Claude Sautet, très grand connaisseur de la musique classique, avez utilisé la sonate de Ravel pour la bande son d’Un Cœur en Hiver.
Avant d’interpréter ce fameux trio de Schubert, en la Cathédrale, c’est en duo que les artistes se sont présentés au public, très à l’écoute de ces magnifiques jeunes talents qui ont tous eu des récompenses internationales. Mano Galy avec une belle sonorité, a interprété au violon, avec chaleur (sans jeux de mots, il faisait très chaud dans la cathédrale) 3 romances pour violon et piano op.22 de Clara Schumann.
Maximme Quenneson lui aussi a joué 3 œuvres de Schumann mais de Robert. Avec une belle énergie, un engagement total et une sensibilité contenue il a complétement conquis le public. Jorge Gonzale Buajasan n’était pas en reste et a soutenu au piano, avec intelligence et discrétion, la violoniste et le violoncelliste. 
C’est dans le trio de Schubert qu’il a montré tout son talent. C’est lui qui dans le premier mouvement donna le ton, solide et martial. Étonnamment c’est aussi lui qui proposera un exécution avec des allures de jeunesse, solaire, loin du tragique, son jeu faisant entendre toute la richesse, l’abondance des idées thématiques de cette œuvre. Hélas la chaleur accablait Mano Galy qui avait du mal à suivre. Mais le final sera à la hauteur de la proposition et le public fit une ovation à ses trois jeunes talents. Leur bis (premier mouvement du trio n°1 de Mendelssohn) était une invite à découvrir leur album, salué par la critique.
Les portes de la cour d’honneur se sont refermées, la Cathédrale retrouvera sa quiétude et ses fidèles jusque à l’année prochaine si Laurent Bureau boucle son budget! Depuis plus de vingt ans il y arrive pour une organisation reconnue d’utilité publique. Hélas combien de ses jeunes musiciens qui rêvent d’être des solistes et briller dans les salles de concert qui se vident de plus en plus, faire des disques qui ne se vendent plus, sont encore présents dans les circuits des concerts…
Tiens voilà une question à poser à Laurent mardi prochain, il nous a généreusement accordé un peu de son temps pour un entretien. On en profitera pour annoncer le programme de la rentrée au Petit Palais, à Hôtel de Soubise, au Musée Guimet et à Château Thierry. J’espère qu’il y a des compositrices dans les récitals…
