Cathédrale Sainte-Croix-Des Arméniens, 13 Rue du Perche, 75003 Paris
Jeudi 6 juillet 2023, 20h
Amy Cranksaw : Quatuor Goggas of the eastern cape (2021)
Joseph Haydn : Quatuor en do majeur op.76 n°3 (1796-97)
Ludwig van Beethoven : Quatuor en do dièse mineur op.131 n°14 (1826)
Voilà un récital assez gonflé ! Une œuvre contemporaine, d’une compositrice qu’on a pu entendre au Festival Présence en 2021, histoire de décontenancer le public clairsemé ?! En fait, une composition tout à fait passionnante, puis deux quatuors qui ont été interprétés des centaines ou plus de fois, deux tubes du répertoire de la musique de chambre. Alors bien sûr chacun à son chouchou entre les Julliard, Talich, Hagen, Mosaïque, Vegh, Melos, Via Nova, Takács, Emerson, Arriaga, Pro-Arte, Berg, Budapest, Belcea, Ysaÿe, Hongrois, Rosamonde, Psophos, Modigliani, Artemis, Calvet, Debussy, Pražák, Tokyo… et dernièrement Ébéne (très apprécié aujourd’hui) nos cœurs et nos oreilles balancent. Le problème c’est qu’avec le disque on a en tête notre version du quatuor n°14 (il en est de même avec les symphonies et les sonates de ce monsieur) et celui de Haydn, mais plus accessible. De plus nous sommes face à de jeunes talents, donc en principe un Quatuor en devenir. Ce que l’on remarque en première écoute, c’est qu’eux aussi ils s’écoutent, chacun joue sa partition essayant de ne pas prendre le dessus sur son voisin. C’est déjà une bonne chose. Bon le Quatuor Mirages celui que nous avons vu n’est pas tout à fait le quatuor original, le violoncelle était remplacé. Déjà c’est une difficulté pour totalement mener à bien les difficultés d’interprétation surtout pour le Beethoven. Si le quatuor op.76 de Haydn que tout le monde connait à cause de son second mouvement, devenu l’hymne allemand (en 1813 pour les accrocs à wiki) ne pose pas de réel difficulté (un départ Allegro un peu tonitruant à notre goût), le 14 demande une concentration qui vient sûrement après moulte exécutions.
Passion, intensité, lyrisme, mais aussi individualité de chaque pupitre et une polyphonie de chaque instant, tout cela demande un équilibre fragile. Ce quatuor, pas classique du tout – un seul mouvement ou 7 ? – avec des nuances où les dialogues se font tout en douceur et finesse pour aboutir à une homogénéisation de l’œuvre – assez, assez, comment comprendre tout cela monsieur Beethoven ? – demande une exigence extrême. Alors comment le Quatuor Mirages peut-il nous prendre par la main et nous emmener dans leur univers qui soit aussi celui de Beethoven ? Il y est arrivé, pas tout le temps, mais souvent. L’Adagio quasi un poco andante avait fier allure et l’Allegro final nous a bien plu. Ce n°14 demande aussi beaucoup de concentration de la part de l’auditeur, alors nous aussi nous n’étions pas forcément tout le temps en osmose avec ce que jouaient ces jeunes et talentueux musiciens. Une belle soirée tout de même et non pas simplement un mirage musical (wouaou facile celle-là ! Beinh ils avaient qu’à prendre un autre nom, cela va leur arriver souvent et ils ne sont qu’à leur début !)
Le prochain concert : vendredi 7 juillet à 20h toujours à la Cathédrale arménienne. C’est un duo soprano/piano, le duo Héméra que l’on peut écouter dans un récital très original. Pour plus d’informations : www.jeunes-talents.org