Auditorium de Radiofrance
116 Avenue du Président Kennedy, 75016 Paris
Dimanche 30 janvier 2022, 16h
Martial Solal : Concerto Icosium pour trompette, piano et orchestre
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n°9 en mi bémol majeur op.70
Thierry Caens, trompette
Manuel Rocheman, piano
Jean-Charles Richard coordination musicale
Luc Héry, violon solo
Orchestre National de France
Christian Mặcelaru, direction
Martial Solal est un des plus grands pianistes de jazz contemporain. C’est aussi celui qui a écrit la musique du film de Godard, À Bout de Souffle qui a révolutionné le monde du cinéma. Mais c’est aussi un compositeur de musique à programme – Fantaisie pour deux orchestres, Concerto pour claviers et orchestre Nuit Étoilée, Concerto pour trombone, piano, contrebasse et orchestre… – Icosium fait référence à la cité antique qui se trouvait à l’emplacement de la Casbah, à Alger, la ville natale de Solal (1927). Alternance de deux langages (jazz/Symphonique), ce concerto a des allures hybrides qui perd un peu l’auditeur par ces coupures, ce côté décousu dans l’écriture. Thierry Caens, dédicataire de l’œuvre apporte un éclairage intéressant : « Martial est une synthèse aboutie de tous les courants qu’il a traversés…Très tôt, il a eu ce son particulier, cette diction que l’on dit décousue, à tort car elle a toute sa cohérence selon une construction rigoureuse. Il ne parle pas comme tout le monde, qu’on l’écoute en piano solo, en big band ou en symphonique ». Manuel Rocheman évoque lui aussi la singularité de ce concerto : « Dans Icosium, l’alternance est peu visible. L’improvisation réduite au minimum. Les quarante secondes que j’imaginais, Martial m’a demandé de les réduire des trois quarts et d’improviser dans le style de son écriture qui en l’occurrence n’est pas très jazz.» Auditeur attentif, nous sommes restés un peu frustré par l’écriture de ce concerto ; on aurait aimé des développements plus inventifs, plus longs, des instruments. Bien sûr on pense au concerto opus 35 de Chostakovitch, mais il est difficile de les comparer. Peut-être une seconde écoute serait nécessaire pour mieux appréhender cette œuvre.
Est-ce pour ce concerto pour trompette de Chosta que l’on a associé cette brillante Symphonie n°9 qui met en valeur les instruments de l’orchestre : clarinette, picolo, flûte, trompette… et ce moment magique du basson sur fond de contrebasse. C’est une symphonie très courte (25 minutes), la plus courte de toutes les symphonies du compositeur. Elle a été jugée à l’époque, triviale, aujourd’hui elle est devenue classique. Avec sa gaité on peut entendre la marque du compositeur : sarcasme et amertume. L’ONF avec ses magnifiques solistes et sous la direction précise, efficace, énergique de Mặcelaru, en a donné une très belle version devant un auditorium à moitié plein mais attentif et ravi. Que demander de plus en ce dimanche ensoleillé!