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Musée Fabre 39 Bvd Bonne Nouvelle 34000 Montpellier
Jusqu’au 4 janvier 2026

En 2025, le Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole a entamé la célébration de son bicentenaire avec une exposition-événement dédiée à Pierre Soulages. Dès 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, l’artiste découvrait le musée Fabre et ses collections, alors qu’il préparait le professorat de dessin à l’école des beaux-arts de Montpellier. La portée de cette rencontre – plus que tout autre, ce musée a compté pour moi – écrira le peintre s’est matérialisée en 2005 à travers la donation exceptionnelle de vingt œuvres à la ville de Montpellier, et le dépôt de dix toiles.

Vingt ans après, le musée Fabre rend hommage à cet immense artiste français, décédé en 2022, au travers d’une grande exposition pensée comme une rétrospective ; la première de cette envergure à Montpellier, une ville avec laquelle Soulages avait noué des liens forts et affectifs.

L’exposition se déploie sur trois niveaux et dans plus de 1 200 m², et crée une continuité entre les salles d’exposition et les salles Soulages permanentes du musée. L’exposition réunit environ 120 toiles, œuvres sur papier, cuivres, bronzes et verres, et donne à voir les rencontres plastiques, formelles, théoriques et amicales de Soulages avec l’histoire de l’art et l’art de son temps.

Au fil du parcours, on découvre ainsi une sélection de toiles signées de grands noms de l’histoire de l’art qui le précède – Rembrandt, Zurbarán, Courbet, Cézanne, Van Gogh, Mondrian, Picasso -, autant que des rencontres significatives qui ont émaillé la vie de l’artiste

– Hans Hartung, Anna-Eva Bergman, Pierrette Bloch, Zao Wou-Ki. Afin de respecter l’esprit de la présentation que Soulages a lui-même conçue dans les salles qui lui sont consacrées l’exposition ne suit pas une approche chronologique, mais au contraire une vision cyclique et non-linéaire, privilégiant les échos entre des œuvres d’époques différentes selon plusieurs grands thèmes.

Au travers d’un parcours en six chapitres, l’exposition met en évidence les différents moments de la vie et carrière de Soulages jusqu’à sa mort, La première section révèle son travail des matières, des brous de noix aux goudrons.

Le deuxième chapitre s’articule autour des compositions très construites des toiles de l’artiste durant les années 1950. La peinture est considérée comme une organisation de relations entre les formes et les lignes, Sont présentées également des œuvres emblématiques de la période des raclages, au tournant des années 1960. Suit une période dite cistercienne donnant à voir un ensemble d’œuvres des années 1970 rapprochées de certains Outrenoirs récents, qui semblent s’apparenter à de larges écritures illisibles, ou a de légères ponctuations dans la couche picturale.

Dès 1947, Soulages découvre la calligraphie chinoise, pour laquelle il témoignera des années durant d’un profond intérêt. La quatrième section permet d’aborder l’une des manières qu’a l’artiste de traiter la lumière par le noir, héritière de la tradition du clair-obscur. Dès 1949, les toiles de Soulages manifestent cet intérêt pour la lumière qui jaillit du noir, offrant d’intenses effets de contrastes lumineux. Cette fascination pour le noir-lumière trouve sa résolution en 1979, alors que Soulages se met à recouvrir intégralement la surface de peinture noire, dans ce qu’il appellera dès lors ses Outrenoirs.

La cinquième partie est consacrée au contraste radical entre le noir et le blanc ainsi qu’aux jeux de transparence qu’il recherche dans sa pratique, avec une partie consacrée à la réalisation des vitraux de l’abbaye Sainte-Foix de Conques entre 1987 et 1994Présent sous forme de rehauts sur certains tableaux des années 1950, puis comme fond dans les années 1960, le blanc ré-émerge dans les Outrenoirs à partir de 1999,

La sixième et dernière section de l’exposition, est dédiée à l’appréhension de l’espace dans la peinture de Soulages, lui qui a toujours insisté sur la réalité spatiale de son médium de prédilection. La monumentalité de l’œuvre y joue un rôle important, donnant la part belle aux polyptyques qui se déploient dès les années 1980. Dans cette dernière section, une partie des œuvres sont présentées au centre de l’espace, accrochées au travers de câbles, selon un dispositif conçu dès 1966 par Soulages dans le cadre d’une exposition à Houston.

Il reste peu de temps pour aller admirer, (re)découvrir cette vaste et passionnante exposition et puis faire un tour dans les autres salles de ce musée, un des plus beaux de France.

Au musée du Luxembourg à Paris on peut aller voir une autre exposition sur Soulages et ses compositions sur papier, elle est visible jusqu’au 11 janvier 2026…










