AUDITORIUM DE LA MAISON DE LA RADIO
25 juin 2020
CARL PHILIPP EMANUEL BACH : Symphonie en sol majeur H 657 (W 182/1)
BOHUSLAV MARTINU : Double concerto pour 2 orchestres à cordes, piano et timbales, H 271
BÉLA BARTÓK : Divertimento pour orchestre à cordes BB 118
Les cordes et Percussions de l’Orchestre National de France
Cédric Tiberghien, piano
Direction de François-Xavier Roth
La Maison de la Radio était The place to be comme on dit en bon Français, oui en ce 25 juin 2020 c’est là où il fallait être ! Les cordes et percussions de l’Orchestre National de France sous la direction de François-Xavier Roth ont fait vibrer un auditorium plein à craquer. Attention il n’y avait que 600 personnes car un fauteuil sur deux était occupé et tous les auditeurs étaient masqués. C’est le premier concert au monde qui a eu lieu ainsi. Comme disait un des musiciens, jouer devant un public quelle différence et quel plaisir. Lorsque l’orchestre a fait son entrée dans la salle, c’était comme pour un concert de rock star, le public l’a applaudi à tout rompre, tellement depuis le confinement il était ravi, excité, de pouvoir entendre enfin de la musique en direct et non en conserve ! Et quel programme et quel chef ! Alors exit la régie, les déplacements des chaises pour les musiciens, tout était organisé à l’avance par mesure d’hygiène. Deux plateaux étaient préparés dans l’auditorium, tout était doublé, les partitions étaient en place, le chef arrivait avec les siennes, un coup de coude avec la première violon, des remerciements par des gestes sympathiques et sincères mais de loin donc aucun contact !
C’était très émouvant et si inhabituel que ces gestes paraissaient plus sincères et moins convenus. Quant au programme : exceptionnel ! Passer du XVIIIème au XXème en une heure sans entracte, une performance ! Oui on peut jouer des œuvres qui ne sont pas au répertoire et faire vibrer un auditoire. Oui ceux qui étaient là sont des vrais amateurs de musique ; pour 10 euros ils ont acclamé l’ONF et leur chef ! Est-ce que le public qui paye plus cher pour des œuvres plus convenus était là ? Il serait intéressant de le savoir. Les musiciens étaient tous très émus par cet accueil et se sont donnés à fond.
D’abord avec légèreté, délicatesse, minutie, sur le premier plateau François-Xavier Roth a conduit la Symphonie en sol majeur H 657 de Carl Philipp Emanuel Bach.
Changement de plateau pour tout le monde pour interpréter le Double concerto pour 2 orchestres, piano et timbales H271. de Bohuslav Martinů. C’est une œuvre chargée écrite en 1938, « J’ai voulu me dégager de cette oppression, me défendre par mon travail et lutter contre cette menace qui devrait tourmenter chaque artiste et chaque homme dans ses convictions les plus profondes » a écrit le compositeur. Doit on y voir une intention symbolique pour l’avoir mis au programme ? On peut dire que François-Xavier Roth avec les cordes réduites, les timbales de l’ONF, accompagnés par le piano magnifique de Cédric Tiberghien ont impressionné un public qui devait découvrir cette œuvre impressionnante. Délire dans la salle !
Changement de plateau, les musiciens sont revenus sur le premier plateau où les partitions étaient déjà en place et l’ONF s’est surpassé pour terminer ce concert avec le Divertimento pour orchestre à cordes BB 118 de Bartók. Le Divertimento pour orchestre à cordes est chargé émotionnellement. C’est la dernière œuvre de Bartók composée juste avant qu’il émigre aux États Unis lors de l’éclatement de la Seconde Guerre Mondiale. En raison du mépris de Bartók pour le régime nazi et la position politique de la Hongrie, Bartók interrompit l’exécution de du Divertimento en concert et mis fin à son contrat d’édition en Allemagne. En 1940, avec sa femme, Ditta Pásztory, ils ont déménagé à New York. Cette même année, la Hongrie a rejoint l’alliance de l’Axe puis est entrée dans la guerre aux côtés de l’Allemagne. Voilà un programme là aussi très chargé symboliquement, une coïncidence ? Notre cher Président n’avait-il pas dit qu’on était en guerre !!!
A la fin de ce court et riche concert, le public ne voulait pas lâcher l’ONF et François-Xavier Roth, on aurait aimer un bis, la fin du dernier mouvement par exemple, on en veut toujours plus !!! Comme toujours ce grand chef qu’est François-Xavier Roth, est d’une précision, d’une intégrité, d’une intelligence, face aux partitions. Oui la musique a repris sa place à l’auditorium et a vaincu en ce 25 juin la covid 19. Bravo à la Maison de la Radio pour ce pied de nez au virus !
Le concert est visible sur Arte Concert.
Et ce n’est pas terminé, Le Temps Retrouvé – quel mauvais titre en passant – continue avec d’autres concerts :
VENDREDI 26, SAMEDI 27 & DIMANCHE 28 JUIN
LUDWIG VAN BEETHOVEN intégrale des sonates pour piano
FRANÇOIS-FRÉDÉRIC GUY, ISMAËL MARGAIN, GUILLAUME BELLOM, JEAN-PAUL GASPARIAN, RÉMI GENIET, NATHALIA MILSTEIN, TANGUY DE WILLIENCOURT, GASPARD DEHAENE, SÉLIM MAZARI, MAROUSSIA GENTET piano
JEUDI 2 JUILLET 20H
JEAN-SÉBASTIEN BACH : Concerto brandebourgeois n° 3 en sol majeur, BWV 1048 Adagio de la Sonate pour flûte BWV 1034
GEORG FRIEDRICH HAENDEL : Concerto grosso en la mineur op. 6 n°4, HWV 322 CLARA SCHUMANN : Fugues sur des thèmes de Bach
ERNEST BLOCH : Concerto grosso n° 1
JEAN-SÉBASTIEN BACH : « Air » de l’Ouverture pour orchestre n° 3, BWV 1068
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
LEONARDO GARCÍA ALARCÓN direction
DIMANCHE 5 JUILLET 20H
EDGAR VARÈSE : Ionisation
PHILIPPE SCHOELLER : Archaos Infinita I & II
GIACINTO SCELSI : Rotativa
YAN MARESZ : Festin
PERCUSSIONNISTES DE L’ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE ET DE L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
PASCAL ROPHÉ direction
JEUDI 9 JUILLET 20H
WOLFGANG AMADEUS MOZART : Divertimento en fa majeur K 138
LUDWIG VAN BEETHOVEN : Sonate pour violon et piano n° 9 « à Kreutzer » (arrangement pour violon et cordes de Richard Tognetti)
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
RENAUD CAPUÇON violon et direction
JEUDI 16 JUILLET 20H
BENJAMIN BRITTEN : Métamorphoses pour hautbois solo (extraits)
JOSEPH HAYDN : Symphonie n° 49 « La Passion »
BENJAMIN BRITTEN :Les Illuminations
IGOR STRAVINSKY : Concerto pour orchestre à cordes en ré majeur
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
BARBARA HANNIGAN direction et chant
JEUDI 23 JUILLET 20H
SAMUEL BARBER : Adagio pour cordes
GEORGES BIZET/RODION SHCHEDRIN : Carmen Suite
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU direction