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« AVENUE DES OURS » : Immigration Ou Emigration Aux Gobelins ?

« Il a l’air mal en point votre ours » ! Dis-je à mon pharmacien, un gros nounours au cent cravates, toujours nouées très courtes pour qu’elles puissent se reposer sur son ventre arrondi. « Oui, il vient de se faire piquer par des abeilles, un comble !», me répondit-il en le regardant assis dans son fauteuil de paralytique. L’ours dont il s’agit est en peluche et mesure au moins 1,40 mètres.

Dans mon quartier, Les Gobelins, Paris 13ème, depuis quelques mois il y en a des centaines. Ils sont revenus après une absence de 35 000 ans paraît-il. A cette époque, ils vivaient dans les bois de ce coin isolé, buvaient l’eau de la Bièvre et se nourrissaient biologiquement. Les forêts ont disparu alors ils se sont réfugiés dans les contreforts de l’Himalaya ; oui oui c’est la vérité, c’est mon pharmacien, 4 boulevard de Port Royal qui me l’a dit et il ne peut pas se tromper, c’est un homme de confiance surtout dans la pharmacopée ! Cette immigration clandestine a pris de l’ampleur vers le mois de novembre 2018 et s’est installée juste aux Gobelins, connu seulement pour la manufacture créée au XVIIème siècle par Henri IV.

Cette invasion aurait été facilitée par Philippe Labourel qui tient la maison de la Presse au 25, depuis 1993. Un de ses migrants a squatté sa vitrine et bien sûr les voisins, en premier le bistrot le Perroquet (encore un nom d’immigré exotique), ont tous voulu avoir leur immigrant (le 13ème c’est bien connu, est un quartier d’immigrés); alors des fast foods aux restaurants, du coiffeur au marchand de matelas, du boulanger au marchand de jouets, de chaussures, tous les boutiquiers ont accueilli avec joie cette population clandestine.

Elle passa son temps assise aux terrasses des pizzerias, des cafés, des restaurants, ou se vautrait dans les vitrines. Pas question de la nourrir pour rien, alors ils l’ont mise au boulot. Affublés de tablier, de stéthoscope, de matériel de couture, de journaux du jour, de baguettes de pain, ces travailleurs sans papier ont fait de la pub’ pour les commerces!

Ce qui devait arriver arriva ; des couples d’ours se formèrent et comme de bien entendu, un petit ourson naquit le 6 novembre au restaurant La Manufacture. Il fut baptisé Goloso (gourmand en italien).

Pas question que ce couple reste en union libre, c’est bien connu les ours ont des principes conservateurs, et un mariage en bonne et due forme fut célébré à la Mairie du 13ème par Monsieur le Maire Jérôme Coumet et en présence de tous les ours (ils se sont multipliés très rapidement …) et des habitants du quartier !

La nouvelle de l’existence de cette communauté, comme celle du quartier chinois précédemment, a attiré les journalistes, les touristes français et étrangers ! Il faut dire qu’ils ont beaucoup d’humour ces ours et font tout pour qu’on les remarque! Il y en a même un qui aime se mettre en haut du panneau indiquant l’entrée du métro

Le premier mai ils ont pu se rendre compte de la vitalité d’autres plantigrades, des gilets jaunes (émigrés à Paris ?), accompagnés de types style Robocop (émigrés de province ?) qui essayaient en hurlant des slogans étranges de retrouver leur racine. Le carrefour Gobelins est devenu très tendance ces temps-ci.

Certains ours ont fait une visite au commissariat du 13ème, quelques spécimens ont traversé la Seine, un couple serait aller résoudre une affaire criminelle à la BAC, un autre est parti grâce à Air France à New York en classe affaire s’il vous plaît ; au retour l’ours était couvert de rouge à lèvres des charmantes hôtesses de l’air de la compagnie!

Les Ecoles Polytechnique, Normal’ Sup’, les ont accueillis…jamais une telle immigration clandestine n’a été si bien reçue par toutes les classes de la société. Ils sont invités aux anniversaires et peuvent sur simple demande participer pendant 48 heures à la vie d’une famille française ! Plus de 20000 followers suivent leurs aventures sur les réseaux sociaux. On pense que demain les ours seront reçus à l’Hôtel de Ville, à Matignon, à l’Elysées, à Bruxelles ; rien n’arrêtera leur ascension.

Ce conte de fée loin de Boucles d’Or ou des histoires de Petit Ours Brun prouve que la presse, les médias, sont bien les vecteurs les plus efficaces pour construire du tissu social (à méditer du côté de l’Hôtel d’Evreux), c’est la morale de l’histoire qu’en tire Monsieur Michel Leroy, mon pharmacien. Alors, merci Philippe, c’est ainsi qu’il est appelé dorénavant aux Gobelins.

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