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« BION RECORDS, SOLO MUSICA »: DIATKINE, HIRÈCHE, RAPYAN

 

 

 

 

 

 

 

Grâce à ces producteurs indépendants – Bion Records, Solo Musica – on peut écouter des artistes qui hélas ne sont pas ou très peu programmés dans les salles parisiennes ou hexagonales.  Et pourtant ils ont du talent à revendre. Comme nous aimons les chemins de traverse, c’est à l’écoute de leurs enregistrements qu’on a souvent d’agréables surprises. Ces trois pianistes nous les avons déjà appréciés sur le site avec Diatkine et ses Beethoven (et une ITV), Ali Hireche et son Schumann et Rapyan et son Elmas

Solo Musica (SM 433),

Frédéric Chopin : Sonate n°3 op.58, 24 Préludes op.28, Préludes op.45, Prélude en la  bémol majeur op.Posthume

Jean-Nicolas Diatkine, piano

Jean-Nicolas Diatkine abandonne Beethoven pour qui il vénère une passion dévorante pour Chopin, un Chopin tellement enregistré (combien de versions des Préludes? Une bonne centaine !), un Chopin qu’il avait du mal à comprendre, à apprécier, même à détester. À  un moment il l’a rejeté et a arrêté de le jouer ! Mais grâce à une biographie, dit-il, il a pu comprendre les rapports du compositeur avec ses parents et il l’a mieux cerné. Chopin c’est le compositeur de l’instant, de la spontanéité, comme dans le jazz (Diatkine apprécie Hancock, Shorter des musiciens de jazz, bouddhistes comme lui) ; alors comme un orfèvre du clavier, il propose avec ce disque un programme extrêmement classique, mais avec une vision tout à fait personnelle, avec de l’intensité, de l’émotion mais aussi de la retenu, comme lui seul peut en apporter. Comme à son habitude, avec ses obsessions, il est revenu aux sources même des compositions, pour retrouver, un phrasé, une simplicité, de la création naturelle, spontanée et chantante de Chopin ( il aimait le bel canto). Voilà un autre Chopin, un très beau disque ! On pourra écouter Jean-Nicolas Diatkine en direct salle Gaveau, comme chaque année, le lundi 4 décembre 2023. Réservez c’est souvent plein.

Bion Records (BR291209)

Franz Schubert : Wanderfantasie

Franz Schubert – Franz Liszt : Der Wanderer – Gretchen am Spinnrade – Erlkönig

Franz Liszt : Klaviersonate h-moll

Ali Hirèche, piano

« La musique est une partie intégrante de ma vie, c’est une vocation, une vocation choisie. C’est un art qui permet de créer une communion avec des personnes très différentes, venues de tout horizon ! La musique est également un mystère pour moi ; on a beau analyser la partition, regarder sa construction, ses enchaînements harmoniques ou contrapuntiques, etc., l’œuvre jouée d’un seul souffle, de bout en bout, sera toujours différente de la somme de ces analyses. C’est précisément cela, le mystère de la musique. »

En septembre nous avions parlé en bien, (nous n’étions pas les seuls) de son disque Schumann, avec ce dernier disque c’est un programme original qu’il propose. Né en 1976 à Paris, Ali Hirèche a suivi des cours de piano à Toulouse, Bordeaux, Bologne, Milan,  a glané quelques prix de concours mais il n’y voit pas un grand intérêt (un tord pour une carrière). Il a eu la chance de se perfectionner auprès d’Aldo Ciccolini qui ne tarira pas d’éloges sur son art pianistique. Son dernier récital était à la salle Cortot le 5 Octobre 2019 avec les 24 études de Chopin et les variations sur un thème de Paganini de Brahms. Magnifique. Il les a enregistrées chez Bion Records. Associer Schubert et Liszt cela pourrait paraître curieux, mais ce dernier appréciait tellement Schubert qu’il a fait des arrangements de quelques-unes de ses compositions emblématiques. On est en plein romantisme. Wanderer est bien sûr Faust.  Goethe et les compositeurs c’est une fascination. De Beethoven à Bartók en passant bien sûr par Schubert, Liszt et leurs lieder ils l’ont tous vénérés. Le cd commence donc par cette fameuse Wanderfantaisie qui a été enregistrée par tous les pianistes ! Un voyage intérieur ?  Au centre, la nature (un double sens), avec méditations, rêves, désenchantement. Pour l’adagio, Schubert emprunte le thème de la marche funèbre d’un lied composé 6 ans auparavant, Der Wanderer, ce qui vaudra à cette œuvre son sous-titre à la fin du XIXème siècle (Schubert n’y est pour rien…). Les quatre mouvements, comme une sonate, s’enchaînent.  Ali Hirèche  retranscrit parfaitement  les climats contrastés de l’œuvre et la poésie qui s’en dégage. Le dernier mouvement extrêmement exigeant sur le plan technique est joué avec beaucoup d’âpreté par ce magnifique pianiste. On comprend pourquoi il a associé Schubert à Liszt avec les transcriptions des trois lieder qu’a  écrites le compositeur hongrois dont le fameux Der Wanderer. Le disque devait se terminer, comme un effet miroir, avec le Klaviersonate en si mineur de Liszt. Une œuvre incroyablement jouée, énormément enregistrée, elle aussi, par tous les plus célèbres pianistes. Faust, Méphistophélès sont bien présents dans le déroulement de cette sonate. Il y a du machiavélique dans cette œuvre et Hirèche le fait très bien sentir. Il se mesure face au gotha pianistique et son interprétation n’a pas à rougir face à des Richter, Horowitz, Arrau…Voilà un bel enregistrement qui mérite que l’on s’y arrête. Magnifique pochette et le livret explique avec précision, limpidité, ce qu’on peut attendre de ce cd.

Solo Musica (SM 423)

The Soul of Smyrna

Stéphan Elmas: Intégrales des sonates pour piano  

Heghine Rapyan, piano

Avec tous les drames que vit l’Arménie, il est intéressant de rappeler ce disque sorti au début de l’année 2023, avec cette intégrale des sonates pour piano de Stéphan Elmas (1862-1937). Compositeur arménien, formé en Autriche, Auteur de mazurkas, valses, ballades, nocturnes, polonaises, et autres pièces de salon en vogue dans sa jeunesse à Smyrne (Izmir), sa musique évoque Chopin avec un style hérité des compositeurs romantiques. Il restera jusqu’à la fin de sa vie avec cette conception. La surdité lui fit abandonner les tournées de concerts et la composition. Heghine Rapyan, cette superbe pianiste, avec un sens aigu de la mélodie, plus connue en Autriche qu’en France est parfaitement en osmose avec son compatriote aux accents plus viennois qu’arméniens. C’est un vrai plaisir d’écouter ces sonates sous ses doigts ! Espérons la voir en France avec des compositions de Komitas et autres compositeurs arméniens !

 

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