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« CHARLES MINGUS » : SO LONG CHARLES !

« Making the simple complicated is commonplace. Making the complicated simple— awesomely simple— that’s creativity. »  – « Ma musique est vivante, elle parle de la vie et de la mort, du bien et du mal. Elle est colère. Elle est réelle parce qu’elle sait être colère » Charles Mingus

« Je ne joue pas du jazz mais de la musique classique noire » Duke Ellington

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Chaque année on honore la naissance de musiciens classiques (Beethoven, Berlioz, Saint-Saëns, Xenakis…), d’écrivains (Molière, Proust, Flaubert…), mais rarement d’artistes de jazz qui pourtant sont aussi importants dans l’évolution de la musique, la vie culturelle en général. L’hommage à Duke Ellington, un des plus grands compositeurs de musique avait été très discret. Alors cette année pour vieillecarne.com c’est l’année Charles Mingus ! Il a apporté une contribution majeure au jazz, à la musique, à la fois en qualité de compositeur et chef d’orchestre, mais aussi en tant qu’instrumentiste. Il est né le 22 avril 1922 à Nogales, Arizona et mort de la sclérose latérale amyotrophique le 5 janvier 1979 à Cuernavaca, Mexique. Sa mère, Harriet Sophia Mingus, est d’ascendance chinoise, anglaise, et afro-américaine, et son père, le sergent Charles Mingus, d’ascendance suédoise et afro-américaine ; il revendique également des origines Cherokee.

Dans son autobiographie Être Moins qu’un Chien – Editions Parenthèses – il dit tout au long de ses entretiens avec Nel King : « Être moins qu’un chien c’est être noir et musicien de jazz dans une Amérique blanche qui ne quitte l’indifférence ou le mépris de la communauté noire que pour pilier ses valeurs culturelles. ».

Cette colère de tous les jours on la retrouve dans sa musique (Ecoutez Fables Of Faubus – voir article sur le site). Il était violent et ses expériences liées au racisme, traumatisantes, ont provoqué chez lui de nombreuses éruptions de colère sur scène et ailleurs (Son évincement de l’orchestre d’Ellington, son altercation avec le tromboniste Jimmy Knepper..). Une grande partie de ses compositions est basée sur l’énergie du bebop, du hard bop et de l’influence des racines du jazz le gospel. Il a appris le violoncelle avec un ancien membre du New York Philharmonic, mais un noir ne pouvait pas entrer dans un orchestre de musique classique ! Sous influence des compositeurs classiques du XXème siècle, souvent il aura le désir d’écrire une musique alliant le classique et le jazz

– écoutez son œuvre posthume Epitaphe ou ses compostions de l’album Pre Bird (1960) en référence à Charlie Parker. Les morceaux sont semblables au Third Stream Jazz (tentative de fusion entre classique et jazz). Dès les années 1940 il obtient des engagements professionnels. Il joue avec Armstrong, Illinois Jacquet, Dinah Washington, puis avec Hampton pour qui il écrit Mingus Finger. Á New York il joue avec Miles Davis, Stan Getz, Dizzy Gillespie, Charlie Parker…

Il crée son label Debut Records avec Max Roach et l’enregistrement du concert au Massey Hall de Toronto le 15 mai 1953 est un succès commercial (les musiciens présents étaient Gillespie, Parker, Powell, Roach, la fine fleur du be bop). Pour la petite histoire il rejouera sa partie basse en studio, car sur l’enregistrement en direct il était inaudible !). Les années Atlantic seront les plus prolifiques et exceptionnelles au niveau création. Pithecanthropus Erectus (1956) sera une œuvre importante dans l’évolution de la musique et préfigure le free jazz.

Mais Mingus va où ne l’attend pas est retourne aux racines de la musique noire américaine et ce seront trois albums chefs-d ’œuvres absolus Blues & Roots, Mingus Ah Hum et Mingus Dynasty. Son admiration pour le Duke lui fera faire en trio un disque magistral que tout amateur de musique devrait posséder comme les Variations Goldberg de Bach, c’est Money Jungle (Duke Ellington est au piano et Max Roach, l’inventeur de la batterie moderne, est le troisième).  Sa dernière apparition sur scène a lieu au State University Theater à Phoenix, Arizona en 1977. Le président Jimmy Carter le reçoit à la Maison Blanche le 18 juin 1978 et six mois plus tard il décédera à Cuernavaca. Sa fin n’a été que des souffrances atroces et croyances en des médicaments miracles au Mexique !

Outre ces albums nombreux qui sont tous passionnants, on doit lire Être Moins Qu’un Chien et le livre de Sue Mingus, Pour L’Amour de Mingus aux Editions du Layeur. Ce livre illustre un moment particulier de l’histoire du jazz, de la vie et de la création d’un artiste majeur dont les compositions continuent encore d’illuminer les concerts dans le monde entier.

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Aujourd’hui Sue Mingus se consacre à la musique de Charles Mingus, par le label Revenge Records qu’elle a créé et les tournées des formations telles que le Mingus Big Band ou le Mingus Orchestra ayant pour répertoire l’œuvre de Mingus.

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Toutes les semaines à New York on peut entendre l’orchestre au Jazz Standard, c’est le Mingus Monday (depuis 2008). Le Mingus Bing Band a enregistré plusieurs albums avec des inédits que Sue retrouve.

So Long Charles pour paraphraser la composition de Mingus à la mort d’Eric Dolphy….

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