CUNNINGHAM
Un film de Alla Kovgan
Sortie le 1er janvier 2020
L’HISTOIRE
Cunningham retrace l’évolution artistique du chorégraphe américain Merce Cunningham (1919 -2009) de ses premières années comme danseur dans le New-York d’après-guerre, jusqu’à son émergence en tant que créateur visionnaire. Tourné en 3D avec les derniers danseurs de la compagnie, le film reprend 14 des principaux ballets d’une carrière riche de 180 créations, sur une période de 70 ans.
© Richard Rutledge
L’AVIS
Après ces longues marches en 2019, dans les villes, les villages… pour hurler son mécontentement, se rendre sur son lieux de travail, aller à des rendez-vous plus ou moins indispensables, commencez l’année 2020 en dansant comme l’a fait toute sa vie Merce Cunningham ! En sortant de ce film on n’a plus envie de bouger comme d’habitude ! La danse pour ce créateur extra-ordinaire est d’occuper l’espace, c’est le mouvement du corps quel qu’il soit. Et pour mieux le signifier, Alla Kovgan a employé d‘une manière judicieuse la 3D. Il faut absolument voir ce film ainsi. L’emploi de cette technique est ici une vraie volonté artistique et non un plus (souvent un moins) pour aguicher le spectateur. Contrairement à la danse dite classique, avec Cunningham c’est en trois dimensions qu’il inventa ses chorégraphies. Dans son aventure, pas évidente pour la faire accepter comme la plupart des créateurs non mainstream, il a entraîné des artistes pratiquement inconnus, le compositeur et amant John Cage et le plasticien Robert Rauschenberg.
© Douglas Jeffery-victoria and albert museum
Avec des documents exceptionnels, des extraits de ballets en archives et certains filmés de manières inventives, nous entrons dans l’univers de ce créateur et on s’y sent bien. Le film paraît trop court bien qu’il fasse 1h33 – Il aborde le travail de Cunningham de 1942 à 1972 – Aujourd’hui ces chorégraphies paraissent classiques tant elles ont imprimé la danse contemporaine – Il ne faut pas oublier que Cunningham a débuté chez Martha Graham où il fallait chercher au fond de soi ses émotions « spirituelles » pour se révéler, comme le faisait faire Lee Strasberg à l’Actors Studio, ou comme Pollock s’exprimait en peinture – La réalisatrice Alla Kovgan ne fait pas un hommage à Cunningham, bien que 2019 était le centième anniversaire de sa naissance, mais une plongée dans une œuvre, une époque. C’est Merce qui s’exprime pendant tout le film en parole et en acte. «Nous n’interprétons rien, on fait quelque chose et donc toute interprétation appartient à celui qui regarde» dit-il !
Il y a des plans inoubliables de créativité filmique : le tunnel berlinois, les danseurs sur le toit de New York là où se trouvait le studio du chorégraphe, un parc, une forêt de pins, une cour de château, une friche industrielle et puis il y a ces danseurs et ceux du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers qui réinventent ces chorégraphies. De l’image rien que de l’image, c’est une expérience audiovisuelle totale qu’offre Alla Kovgan, comme sont les créations et la volonté de Merce Cunningham.
