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« GRAND PALAIS »: ART ET UTOPIE AU PAYS DES SOVIETS

«ROUGE»

Du 20 mars au 1 juillet 2019

Au Grand Palais à Paris, une importante et grandiose exposition « ROUGE » est encore visible pendant deux mois. Voilà une exposition indispensable pour comprendre le pays des Soviets et la Russie d’aujourd’hui. Il est évident qu’une seule visite n’est pas suffisante pour tout apprécier.

La révolution d’Octobre 2017 avait mis toutes les espérances dans une société nouvelle où l’utopie créatrice, son pluralisme esthétique, avaient le droit de cité. Hélas l’Etat et Staline ont mis aux pas tous les créateurs dont certains finirent dans les camps, furent condamnés à mort, se suicidèrent ou se plièrent à l’art officiel.

L’exposition présente ces deux périodes magnifiquement grâce à un exceptionnel ensemble de plus de 400 œuvres (peintures, sculptures, films, revues, installations…) dont la plupart jamais montrées en France.

La Russie de Lénine à Staline est proposée en onze épisodes. De la démocratisation des arts, jusqu’à un avenir radieux avec l’optimisme de l’esthétique réaliste-socialiste, on découvre plus de 20 ans de vie culturelle soviétique. « Rouge » permet de se rendre compte que le projet communiste a entrainé de nombreux et passionnants débats esthétiques.

Les premières salles sont consacrées à l’art dans la vie de 1917 à 1928. On découvrira l’avant-garde de la révolution avec des artistes comme Rodtchenko, « l’artiste de gauche » et sa femme Stepanova qui s’intéresse aux arts appliqués, Malevitch le passionné de l’abstrait avec son fameux monochrome, Klucis pionnier de l’art du photomontage, Chagall et son école d’art à Vitebsk – une exposition au musée Pompidou a eu lieu sur ce sujet en 2018 – Vertov, l’œil de la caméra, Maïakovski, le chantre d’octobre, Meyerhold et son théâtre pour tous, Melnikov, l’architecte constructiviste, Lissitztky proche de Malevitch qui deviendra le serviteur zélé de Staline.

Au premier étage c’est le réalisme socialiste qui prédomine, la concentration du pouvoir entre les mains de Staline (à partir de 1929) met fin au pluralisme culturel. En 1932 les groupes artistiques sont dissous et laissent place à des unions professionnelles. Le « Grand Tournant » est présenté comme une révolution culturelle, la « Grande Terreur » qui touche toutes les couches de la société n’épargne pas les artistes de la première heure (Kucis, Meyerhold seront exécutés). Ce sera le triomphe de l’homme sur la matière, un esprit sain dans un corps sain magnifié par des tacheront comme Deïneka, Samokhvalov, et le triomphe de l’architecture stalinienne à la Haussmann.

La patrie du socialisme va attirée de nombreux artistes et de nombreuses expositions anti-impérialistes verront le jour ; ce sera un avenir radieux dans cet esthétisme réaliste-socialiste naïf avec des images idéalistes de ce nouvel homme exemplaire soviétique. Un art académique tournant le dos à la création exaltera les figures mythiques que sont Lénine et Staline (tableaux de Guerassimov, Efanov, Brodsky sommités de l’art d’état).

Dense, pédagogique, originale dans la conception, l’exposition « ROUGE » conçue par Nicolas Liucci-Goutnikov donne à réfléchir une nouvelle fois lorsque la culture est aux mains des politiques.

Pour toutes informations et manifestations qui sont faites autour de ROUGE

https://www.grandpalais.fr/fr/evenement/rouge

 

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