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«  JAZZ MESSENGERS 12 » : BILLIE HOLIDAY – STRANGE FRUIT

 

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BILLIE HOLIDAY

Née Eleanora Harris Fagan dite Billie Holiday, surnommée Lady Day, née à Philadelphie le 7 avril 1915 et morte à New York le 17 juillet 1959. Elle est considérée comme l’une des plus grandes chanteuses que le jazz ait connues. Le style de Billie Holiday, intimiste, s’adapte mal aux grands shows réservés à l’époque à Bessie Smith et à ses imitatrices. Peu importe, ses disques avec Lester Young se vendent bien. Billie chante bientôt avec le grand orchestre de Count Basie, puis en 1938 avec celui d’Artie Shaw, mais avoir une chanteuse noire dans un orchestre blanc, quel scandale ! La tournée avec ce dernier sera écourtée, à cause du racisme des états du Sud. Billie Holiday ne peut pas chanter, ni réserver une chambre d’hôtel ni même entrer dans un restaurant avec un musicien de l’orchestre. Rentrée à New York, elle continue de chanter dans les clubs grâce aux engagements que lui trouve John H. Hammond en particulier au Café Society. On connaît à ce jour plus de 660 enregistrements de Billie Holiday.

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STRANGE FRUIT

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Selon les estimations prudentes du Tuskegee Institute 3 833 personnes ont été lynchées entre 1889 et 1940. Quatre victimes sur cinq sont des Noirs. En 1939, lorsque Billie Holiday interprète pour la première fois cette chanson, trois lynchages ont déjà été perpétrés cette année-là. Un sondage de l’époque révèle que six Blancs sur dix étaient favorables à cette pratique. Abel Meeropol était un enseignant juif d’origine russe, vivant dans le Bronx et membre du Parti communiste USA. C’est après avoir vu des photos du lynchage de Thomas Shipp et d’Abram Smith en 1937 qu’il écrivit le poème Strange Fruit. Il le publia sous le pseudonyme de Lewis Allen (Lewis et Allen sont les deux prénoms de ses enfants) dans le magazine New York Teacher et le journal communiste New Masses. Il le mit en musique avec l’aide de sa femme, et la chanteuse Laura Duncan l’interpréta comme une chanson de protestation sur les scènes de New York. Strange Fruit acquit une certaine popularité dans le petit milieu de la gauche new-yorkaise. Connaissant le patron du Café Society, il lui proposa de la donner à Billie Holiday. Elle se démarquait du répertoire habituel de la chanteuse, mais avec cette chanson Billie Holiday obtint une notoriété internationale. Elle devient la chanson-phare du Café Society et de Billie Holiday. La chanson déchaîne la controverse, mais l’enregistrement qui en est bientôt tiré rencontre un immense succès. Billie Holiday tenait aussi à chanter cette chanson car son père était mort indirectement à cause de la discrimination des noirs. Il était atteint d’une maladie grave et les hôpitaux ont refusé de le soigner. Il mourut de sa maladie peu après, n’ayant pas pu trouver un hôpital acceptant un noir. Il fut victime de la ségrégation. Elle écrivit dans son autobiographie : « Cette chanson permettait de faire le tri entre les gens bien et les crétins ». Billie Holiday, qui partait que rarement en tournée dans les États du sud, y interprétait peu fréquemment Strange Fruit car il était clair qu’il risquait d’y avoir du grabuge. Ce fut le cas à Mobile, en Alabama, où elle fut chassée de la ville rien que pour avoir essayé d’entonner le morceau.

Les paroles de Strange Fruit :

Southern trees bear strange fruit – Blood on the leaves and blood on the root – Black bodies swinging in the southern breeze – Strange fruit hanging from poplar trees -Pastoral scene of the gallant South – The bulging eyes and the twisted mouth – Scent of magnolia sweet and fresh – Then the sudden smell of burning flesh – Here is a fruit for the crows to pluck – For the rain to gather, for the wind to suck – For the sun to ripe, to the tree to drop – Here is a strange and bitter crop ! –

La traduction :

Les arbres du Sud portent un fruit étrange – Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines – Des corps noirs qui se balancent dans la brise du Sud – Un fruit étrange suspendu aux peupliers -Scène pastorale du vaillant Sud -Les yeux révulsés et la bouche déformée – Le parfum des magnolias doux et printanier – Puis l’odeur soudaine de la chair qui brûle – Voici un fruit que les corbeaux picorent – Que la pluie fait pousser, que le vent assèche – Que le soleil fait mûrir, que l’arbre fait tomber – Voici une bien étrange et amère récolte !

Le poème de Lewis Allen ne plait pas aux responsables de Brunswick qui refusent que Billie l’enregistre. Ne voulant pas céder, la chanteuse le propose à Milt Gabler, propriétaire d’un magasin de disques à Manhattan qui, depuis 1938, possède son propre label, Commodore. Enregistré le 20 avril 1939 avec trois autres titres, Fine And Mellow, Yesterdays, I Gotta Right To Sing The Blues, Strange Fruit reste l’un des grands sommets de la carrière de Billie.

Version du 20 avril 1939

Bonus : Version filmée en 1959.

Frankie Newton, trompette, Sonny White, piano, Tab Smith, saxo alto, Kenneth Hollon, Stan Payne, saxo ténor, John Williams, bass, Eddie Dougherty, drums,

 

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