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« L’ÉTRANGE FESTIVAL – FORUM DES IMAGES » : SEMAINE 1 –

SEMAINE du 2 au 6 septembre 2020

Forum des Images

2 rue du cinéma (Les Halles)

75001 Paris

du 2 au 13 septembre 2020

 

Et non monsieur Thierry Frémaux comme vous le déclarez sur les ondes, Deauville –Cannes n’est pas le premier festival de film qui se déroule en France ! L’Etrange Festival a débuté avant…(rires). Bon depuis Mercredi on tremble, on est étonné, attentif, révulsé, déçu, et c’est bien normal dans un tel festival. Ce qui est étrange c’est que les salles sont pratiquement vides dans les circuits normaux et au Forum elles sont pratiquement pleines ! Il y a un vrai public avide de voir sur grand écran le cinéma qu’il aime.

Dès le premier jour, on a été enthousiasmé par le film de Roy Anderson, Pour L’Éternité. Primé à Venise, ce conte philosophique est d’une perfection tant sur le plan formel (photo de Gergely Pälos) que sur le plan du scénario. Scénario disons plutôt scénettes à la Tati ou même à la Fellini. Ici c’est l’humour du désespoir qui est croqué. Anderson est un grand cinéaste. Si c’est l’éternité que nous propose Anderson, c’est Le Vingtième Siècle que nous offre Matthew Rankin. Une biographie revue et corrigée de W.L.Mackenzie qui a été premier ministre du Canada pendant plus 20 ans ! Rankin avec un malin plaisir à faire une mise en image des débuts du cinéma, rend ce premier ministre ridicule ainsi que toutes la classe politique des années 30. Avec des penchants sexuels pas forcément habituel, il fait de W.L.Mackenzie un vrai crétin (il trouvait Hitler sympa !) ; ce n’est que de la bonne humeur et de l’humour potache sur l’écran ! Les courts-métrages ne sont pas en reste, il y a des pépites d’humour qu’on peut voir et revoir en deuxième semaine. On a beaucoup apprécié celui de Jörgen Scholtens, un réalisateur hollandais avec une histoire de coucou (Koekoek !), un film complétement barré d’un homme–coucou vivant dans une pendule chez une vieille dame ! il y a The Chippie de l’Anglais Louis Norton Selzer sur une histoire bien étrange de la manière de faire des frittes …13+ du Turc Ceylan Ozgün Ozçelik, est d’un beauté formelle impressionnante et puis et puis et puis…bon on pourrait en citer de nombreux excellents, plus de dix heures de courts, heureusement qu’ils sont encore visibles la semaine prochaine! Bien qu’il est 75 ans l’Américain Lloyd Kaufman n’a rien perdu de sa vitalité et son film de délires garantis, son dernier paraît-il, Shakespeares’s Sh*tstorm est à la hauteur des productions de Troma. Elles règnent sur le trash depuis 1974 ! Kaufman a fait une adaptation de La Tempête de Shakespeare et disons qu’elle n’a rien à voir aux adaptations qu’ont faites Peter Greenway, Derek Jarman, ou Julie Taymor. C’est un film de merde à prendre au premier degré bien sûr ! Entre deux jets de fiente, de sperme, quelques belles phrases de la pièce. Le film tape sur tout ce qui nous exaspère dans notre société d’aujourd’hui et cela fait un bien fou de rire de tout ! Youpi et vive cette société de merde nous dit Prospéro ! Un film d’utilité publique comme les toilettes du même nom. The Owners du Français Julius Berg, un film anglais, est pas mal foutu. Le scénario est assez convenu mais c’est surtout l’excellent casting qu’on peut retenir. Voir Rita Tushingham l’immense actrice de la nouvelle vague anglais (Taste of Honey, The Knack) dans une rôle de folle est inénarrable. Maisie Williams alias Arya Stark dans la série télévisée Game of Thrones tient le film de bout en bout. Sylvester McCoy (The Hobbit) est impressionnant en étrange médecin, Ian Kenny (Sing Street), Jake Curran sont aussi parfait.

The Owners est un bon thriller anglais. Par contre Brandon Cronenberg nous a déçu. Après vingt minutes de son film Possessor, scénario déjà vu et revu, partait bien mais très vite on s’ennuya ferme dans la salle et ce n’est pas les jets de fausses hémoglobines qui pouvaient le sauver. Possessor flirte sur les films du papa (Existenz). Mauvaise direction d’acteur, mauvaise mise en scène, une fin bâclée, rien à retenir de Possessor, si peut-être la photo. A propos de Cronemberg, Spunick du Russe d’Egor Abramenko produit par Bondartchouk, le fils de Sergueï, par son sujet aurait pu être un bon scénario pour lui. C’est une histoire de symbiose entre un alien et un cosmonaute dans les années 80, en pleine guerre froide. Film de Science-fiction et d’horreur il est bien réalisé et les comédiens sont parfaits. Oksana Akinshina est exemplaire. Une belle surprise de ce début de festival.

Une autre actrice, Almira Tursyn -c’est son premier film – est surprenante dans un rôle d’amazone des steppes. Tomiris d’Akan Satayev est une super production, à la Hollywood, sans surprise, mais agréable à regarder. Le scénario est inspiré d’une légende du Vème siècle avant JC, d’après Hérodote, une guerre entre les peuples de la steppe contre les Perses. Film à grand spectacle où la musique nous gâche le plaisir d’apprécier totalement ces espaces magnifiques.

Ces paysages du Kazakstan on les retrouve dans un autre film, produit par le même producteur Adilkan Yerzhanov, c’est A Dark, Dark Man. Plus intimiste, le film d’Adilan Yerzhanov est d’une beauté plastique incroyable. Ce polar sur la corruption est filmé au scalpel. Cadres, mise en scène, découpage, lumière tout concours à ce que ce film montre le talent exceptionnel de ce réalisateur. Il passe de la noirceur de l’histoire, des hommes en noir, à la blancheur immaculée de la steppe enneigée qui nous laisse pantois surtout sur cet écran magnifique du Forum. Là aussi la musique n’est pas à la hauteur des qualités du film. Un petit bémol pour un grand film. Là la musique était au top avec Anna, une carte blanche de Pascale Faure. Cette comédie musicale est de Pierre Koralnik réalisé en 1965, les musiques sont composées par Serge Gainsbourg et Michel Colombier. La télé avait du talent à cette époque là. Entendre Anna Karina, Jean-Claude Brialy, Marianne Faithfull, Serge Gainsbourg chanter, c’était le rayon de soleil du festival. La musique est aussi très présente dans le premier et dernier film de Jóhann Jóhannsson (décédé à 48 ans en 2018), le fameux compositeur islandais des films de Denis Villeneuve. Avec la voix de Tilda Swinton, les compositions de Jóhannsson, la photo et les cadres de Sturla Brandth Grovlen, Last &First Men est un superbe trip de 71 minutes qu’on se fait !

On a gardé pour la fin le film qui a eu notre préférence, pour l’instant, c’est Fanny Lye Deliver’D de Thomas Clay. Encore une femme qui a le premier rôle. Est-ce un hasard mais les femmes sont à l’honneur au Festival. C’est une sorte de western féministe sous Cromwell au XVIIème siècle. Film très violent dans les propos, les scènes, les dialogues. Le quatuor d’acteurs est d’exception, ces anglais quels comédiens. Maxime Peake, Charles Dance (Lannister de Game of Throne), Freddie Fox, Tania Reynolds sont d’une justesse impressionnante. Le film a été tourné en 35 mm. La photo de Giorgos Arvanitis – le chef opérateur de Theo Angelopoulos – ajoute à la l’univers du film. Une histoire très actuelle. On ne vous racontera pas la fin, vous pouvez aller le voir, le dernier jour, dimanche 13 septembre à 21h15 au Forum,

Courrez au Forum des Images cette semaine et arrivez masqué !

Pour toutes informations complémentaires : www.etrangefestival.com

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