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«  L’HOMME QUI PENCHE » : DU BON CÔTÉ ?

un film de Marie-Violaine Brincard et Olivier Dury

sortie le 8 décembre 2021

L’HISTOIRE

Thierry Metz (1956-1997) poète et manœuvre est un des plus grands écrivains de sa génération. Il modèle ses expériences par l’écriture et transforme chaque étape de sa vie en matériau poétique. Il donne une âme au chantier, aux paysages du Lot-et-Garonne, à la maison dans laquelle il vit. Le film retrace l’intensité tragique d’une vie entièrement consacrée à la création et propose un dialogue entre la poésie et le cinéma. Accompagné par les textes de ses principaux recueils, il fait exister les habitants de ses poèmes : les ouvriers, les saisonniers et les patients du centre psychiatrique de Cadillac…

L’AVIS

POUR : La brume du petit matin, un plan large, fixe, sur un arbre et des oiseaux qui viennent se poser sur un fil électrique. Le plan dure pendant plusieurs minutes. Tout le film est là ! La poésie et le cinéma. Il y a aussi de longs travelings sur la campagne, ce sont les moments magiques de L’Homme qui Penche. Ces images accompagnent le texte de Thierry Metz et ses déambulations poétique. On peut regretter qu’il y ait un peu trop de textes et des images qui se veulent explicatives, le silence des plans aurait de temps en temps suffi. L’Homme qui Penche est quand même une belle découverte surtout pour le premier et le dernier plan !

CONTRE :

vieillecarne.com propose des Kriticks dites contre qui sont intéressantes et font débats. En voici la première (Laurent Bonnet, cinéaste.) On espère en recevoir d’autres, à vos claviers !

Thierry Metz je ne le connaissais pas. Bien qu’intéressé par ses textes, d’une poésie simple et primesautière (naïve ?), le film qui retourne sur les lieux où il a vécu (une vie de labeur et de famille dans une maison au bord de la route nationale, frappée par la tragédie de la mort d’un fils de huit ans dans ses bras) ne lui rend pas vraiment grâce.  Malgré de beaux plans, la parole poétique – annonée péniblement d’une voix blanche par Olivier Dury, le coréalisateur – ne dialogue jamais avec les images (la parole poétique n’ait jamais d’ailleurs en phase avec un contenu audiovisuel quel qu’il soit. La simple raison est que ce genre de dispositif, maintes fois tenté, ne fonctionne jamais, et quoiqu’en disent les auteurs). Le temps du plan (présent documentaire contemplatif) ne colle jamais au temps du poème (temps subjectif vécu), ce sont deux modes d’expressions différents, sans véritable rapport, en-dehors de l’illustration, toujours un pis-aller malheureux. Il aurait fallu avoir confiance en son médium au point de l’élever au niveau du poète, viser un poème audiovisuel. Dans L’Homme Qui Penche, il n’y en a que des traces et des éclairs. On aurait pu avoir un défi cinématographiquement poétique plutôt que cet hommage qui n’est qu’un récitatif de poèmes allégoriquement illustré. Sans remonter au Buñuel du Chien Andalou ou des poèmes bretons d’Epstein, le documentaire de création en propose chaque année des brouettes. Chaque fois que le cinéma se mêle de poésie il nous offre une indigence pleine d’humilité, une plate illustration, de l’ennui. Restent quelques belles idées et figures (néanmoins relativement convenues) : les fils électriques pour dire une vie et une œuvre qui n’a toujours tenu qu’à un fil, les oiseaux comme métaphore des états du poète entre chute et élévation… c’est bien peu.

 

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