UA-159350346-1

« MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE » : LOVE SONGS – VOYAGES EN INTIMITÉ

57 rue de Fourcy, 75004 Paris

jusqu’au 21 août 2022

14 photographes se lâchent dans leur intimité, leurs relations amoureuses, sur deux étages de ce magnifique musée, la MEP,  au cœur de Paris.

La première partie, la face A, est composée de séries allant des années 1950 à 2000, le deuxième étage, la face B, présente des œuvres des années 2000 à aujourd’hui.

Nous sommes comme des voyeurs de l’intime, mais il ne faut pas oublier que l’on est quatre. Oui il y a le couple avec des photographies souvent très explicites sur leur relation de couple, mais il y a toujours le troisième larron, le silencieux, celui qui fait que l’œuvre existe : l’objectif. Ici il est totalement subjectif !

Love Songs débute avec des séries historiques telles que celles réalisées par René Groebli dans L’Œil de l’Amour (1952) – « Si j’avais été poète, je lui aurais écrit des poèmes, mais, photographe, mon désir était de garder des souvenirs et de réussir à capter l’atmosphère inoubliable de ce voyage avec Rita. J’ai décidé de lui offrir un poème en images ».

Emmet Gowin c’est avec Edith (1967-2012) qu’il s’exprime, Nobuyoshi Araki avec Sentimental Journey (1971) et Winter Journey (1989-1990).

Hervé Guibert et Alix Cléo Roubaud, au début des années 1980, sacralisent leurs derniers instants avec l’être aimé.

Cléo Roubaud alternant les moments de tranquillité et ses crises d’asthme, ses angoisses, la poussent à accumuler les images du quotidien qu’elle partage avec l’homme qu’elle aime, ayant le présentiment que ses jours lui sont comptés – elle a laissé plus de six cents photographies – « De la femme, de l’homme qu’on aime, on prend, on possède, soit une, soit une infinité de photos. C’est-à-dire jamais assez. ».

Nobuyoshi Araki est bouleversant avec ses photos de voyage de noce

– sa lune de miel a duré quatre nuits et cinq jours – jusqu’à celles des derniers instants de Yōko, sa femme, morte à quarante-deux ans.

La série se termine par les obsèques, la solitude du photographe, la figure de Chiro, leur chat adoré prenant petit à petit toute la place.

Viennent ensuite la série fondatrice de Larry Clark « Tulsa » (1971) et celle de Nan Goldin « The Ballad of Sexual Dependency » (1980-1986) séries qui ont ouvert les frontières de l’intime à des générations de photographes. La face B de l’exposition commence avec des histoires d’amour passionnelles vécues par deux couples de photographes : la française Margot Wallard et le suédois JH Engström d’un côté avec la série Foreign Affair (2011), la japonaise Inri et le chinois Rong Rong de l’autre, avec Personal Letters (2000).

Suivent les ensembles de Sally Mann Proud Flesh (2003-2009) et Collier Schorr Angel Z (2020-2021), qui photographient toutes les deux le corps de leur partenaire.

Enfin trois séries plus iconoclastes clôturent l’exposition : Lin Zhipeng (aka n°223) aborde la sexualité de la jeunesse de la Chine d’aujourd’hui tandis que Leigh Ledare dans Double Bind revient sur sa relation avec son ex-femme –

Pour ce projet intéressant, Ledare a scénarisé une situation basée sur un triangle relationnel complexe. Il s’est rendu avec son ex dans un bungalow pour la photographier, puis deux mois plus tard, il a payé pour qu’elle renouvelle l’expérience mais seule avec son nouveau mari, Adam Fedderly, également photographe. Il propose, en diptyque, les images obtenues. Il interroge ainsi les représentations sociales comme celles de la femme mariée, les modalités émotionnelles et matérielles de l’échange, la frontière entre imaginaires collectif et privé et les limites symboliques des relations à travers un objectif.

De son côté Hideka Tonomura s’immisce dans la vie amoureuse de sa propre mère avec Mama Love (2007), ce côté intrusif est très violent pour nous spectateur. Love Songs est une exposition à ne pas mettre entre toutes les mains, très originale, passionnante, et d’une densité telle qu’elle demande d’être plusieurs fois visitée. Un beau voyage en perspective.

Jusqu’au 12 juin, on peut voir la première exposition d’un jeune artiste japonais Motoyuki Daifu (1985-). En 2008 il à 23 ans et s’éprend d’une mère célibataire, d’un garçon de deux ans, et qui attend un nouvel enfant. Leur relation devient le sujet d’une série de photographies en couleurs empreintes de joie et de tendresse. Il invente le titre Lovesody, un mot qui réunit les termes en anglais amour et rhapsodie. Avec ses clichés émouvants il nous fait participer, sans fard à sa vie quotidienne.

 

Articles similaires

Laisser un commentaire