MARILYN MINTER – BETTY TOMPKINS
14 rue de l’École de Pharmacie, 34000 Montpellier
jusqu’au 5 septembre 2021
Deux expositions sont présentées au MO.CO. Panacée – Vincent Honoré, Directeur des expositions, Anya Harrison, Curator et Rahmouna Boutayeb, Chargée de projets, assistées de Justine Vic, Fanny Hugot-Conte et Emma Ribeyre. L’exposition est réalisée avec le soutien de P·P·O·W, New York. Ce lieu est assez magique où il fait bon s’y aventurer. Là, une exposition gratuite permet d’explorer le travail de deux artistes féministes des années 70. Marilyn Minter et Betty Tompkins s’intéressent à la représentation des corps des femmes et aux droits qu’elles ont dans notre société. La mode fait qu’elles sont au goût du jour, mais ont perdu cette force d’engagement qu’elles avaient à l’époque. Reste leur talent.
Marilyn Minter est née en Louisiane aux Etats Unis en 1948. On peut apprécier certaines de ces œuvres récentes mais toujours avec le même procédé pictural. Sur des plaques d’aluminium, elle utilise de la peinture-émail pour donner un aspect réel et brillant à l’image. Elle peint aussi avec ses doigts pour obtenir des effets de transparence.
Ces peintures sont marquées par une grande sensualité et un regard engagé. Elle joue sur la sexualisation des corps et leurs fragmentations. Certaines peintures ont été créées pour l’exposition. Une vidéo est également présentée. Filmées au ralenti ce sont des vues rapprochées qui montrent des bouches de femmes qui lèchent, crachent des substances visqueuses et colorées.
Marilyn Minter s’inspire ici des médias de masse comme la télévision et la publicité. Les couleurs saturées et les textures évoquent les industries de la mode et des cosmétiques. C’est une œuvre qui joue sur les sentiments d’attraction et de dégoût.
Betty Tompkins est née en 1945 à Washington. Cette artiste est surtout connue pour ses toiles grand format Fuck Paintings, une série inaugurée en 1969 représentant l’acte sexuel en gros plan, dont les images sources sont extraites de magazines pornographiques qui appartenaient à son mari. Lors de sa 1ère exposition en France en 1973, la douane avait interdit l’accès sur le territoire à ses œuvres.
Pour réaliser ces œuvres Betty Tompkins utilise des sprays avec de la peinture pour colorer sa toile. Les phrases qu’on peut y lire ne sont pas des phrases que l’artiste a écrites elle-même.
Elle a demandé à des contacts et à des visiteurs de ses expositions de lui envoyer des phrases ou des mots pour décrire une femme. Parfois, l’artiste recouvre l’image de textes misogynes.
L’exposition présente aussi des dessins que l’artiste a produit ces 10 dernières années. Les œuvres qu’elle réalise ont des couleurs plutôt froides. Généralement les teintes qu’elle utilise sont le noir, le blanc et le gris.
Betty Tompkins n’a cessé d’interroger avec persistance depuis les années 70 ce qui détermine les codes de représentation des corps féminins.
Aujourd’hui avec les sites, les réseaux sociaux, ces images ont perdu de leur force et les intentions de ces artistes se sont émoussées. Mais, elles font parties de l’histoire de l’art qui comme on le sait doit être subversif. Grâce à cette exposition on vit un moment très particulier de la transition entre le Pop Art et l’art conceptuel et des circonstances politiques très spécifiques.
Dans le couloir qui amène aux salles d’exposition, une histoire de la lutte du féminisme est décrit avec des dates, des livres et des noms des actrices des mouvements.
Betty Tompkins comme Marilyn Minter, outre leur engagement pour cette cause, ont participé à faire voler en éclat les phénomènes de censure qui hélas redeviennent aujourd’hui monnaie courante avec des mouvements #bienpensant ….soi-disant. C’est peut-être ce qui restera de leur œuvre et qui en ressort aujourd’hui dans cette exposition importante à ne pas manquer.