MUSÉE D’ORSAY
1 Rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris, France
Exposition : Enfin le cinéma ! Arts, images et spectacles en France (1833-1907)
jusqu’au 16 janvier 2022
Trouver des idées d’exposition au Musée d’Orsay doit être un vrai sujet de préoccupation pour les conservateurs depuis que ce Musée existe. Certaines sont intéressantes, mais souvent ne sont pas d’un grand intérêt sachant la période assez réduite que représente cette institution. Effectivement le Petit Palais ou le Grand Palais ont plus de liberté dans leur choix et surtout leurs mises en scène sont plus inventives. Question de budget ?
Alors, faire dialoguer la peinture avec ce nouveau média qu’était la naissance du cinéma est quand même une vision très intellectuelle des commissaires. La grammaire, les sujets du cinéma se seraient inspirés de la peinture( ?), c’est mal connaître ce média.
On n’a le droit de s’amuser à trouver des concordances, on peut écrire tout sur tout, mais arrêtons de nous faire croire qu’un tableau de Gustave Caillebotte est à l’origine de la plongée, que le zoom arrière, d’un gros plan a un plan large est dû à un vague peintre, que le mouvement est dû à Anquetin etc etc….
Le plan large, le plan moyen, la plongée, la contre-plongée, le mouvement n’ont pas attendu la peinture du XIXème siècle pour exister ! Pourquoi nous faire croire alors à ce dialogue avec cette peinture, ces sculptures ? Le cinéma à ses débuts n’était qu’un cadre en plein pied et qu’il a fallu attendre 1915 et D.W. Griffith pour découvrir une grammaire cinématographique (gros plan, plans moyen, traveling, zoom arrière, champ contre champ, panoramique…). Quant au sujet, les opérateurs de l’époque n’avaient pas besoin de la peinture pour en trouver.
Bien sûr un troupeau de chameaux en peinture et un bout de pellicule avec des chameaux qui bougent ça se ressemble… Pourquoi ne pas mettre aussi un bout de film avec une vache avec un tableau de Dupré ? C’est amusant sans plus, on pouvait le faire avec la photo qui est plus près à ses débuts avec la peinture. Bon on a aussi le droit à la séquence fesse et bien sûr l’exploitation de la femme…N’avait-on pas vu à l’expo sur les hommes et le nu, des films pornos homosexuels ?! Ils ne sont plus d’actualités ? Ce n’est pas une nouveauté de dire que dès qu’un média exista, c’est le cul qui était exploité.
La peinture du XIXème regorge de nus qui sont supposés être symboliques, style la vérité sortant d’un puit…D’ailleurs un des premiers films n’est-ce pas un homme nu qui saute (on aurait pu mettre un nu masculin en peinture à côté de ce document..). Les conservateurs auraient pu jouer avec la Naissance du Monde et un film de bordel ! Bon le seul intérêt de cette exposition est la découverte de tableaux, de sculptures, d’objets de grande qualité. Mais ce Musée regorge de tableaux exceptionnels. Il faut faire le tri. En ce moment il y a la petite et intéressante exposition sur la collection Signac et celle couplée avec l’Orangerie sur Soutine/ De Kooning (voir les papiers sur le site). Il y a un autre inconvénient de taille et de prix avec l’audio mis en place. Les visiteurs se plaignent de ne pas savoir où et quand sont présentés les numéros pour entendre le texte…Alors, oubliez vite cette exposition ! Si vous êtes intéressés par le début du cinéma, celui qu’on nomme muet (encore une ineptie), allez plutôt à la Fondation Jérôme Seydoux ou voir ce que propose Serge Bromberg et ses Retour de Flamme, et surtout allez dépenser votre argent au cinéma, et laissez entre eux les conservateurs se gratouiller la tête pour faire des expositions sans grand intérêt.