Joseph Mallord William Turner (1775-1851)
Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann 75008 Paris
www.musee-jacquematy-andre.com
Jusqu’au 21 janvier 2021
Voilà une exposition où on a le temps de la savourer, car le virus aidant, les visiteurs ne sont pas nombreux dans cet espace confiné. Les salles de cet hôtel particulier sont fermées ainsi que le salon de thé. Seul le lieu de l’exposition peut être visité. C’est un beau voyage que nous pouvons faire avec les aquarelles et quelques peintures de Joseph Mallord William Turner (1775-1851), ce maître de la lumière.
Grâce aux prêts exceptionnels de la Tate Britain de Londres, qui abrite la plus grande collection de Turner au monde, le musée accueille une exposition de 60 aquarelles et quelque 10 peintures à l’huile, dont certaines n’ont jamais été présentées en France. Un parcours chronologique permet de suivre pas à pas son évolution artistique : de ses oeuvres de jeunesse d’un certain réalisme topographique aux oeuvres de sa maturité, fascinantes expérimentations lumineuses et colorées.
Dans les huit salles de l’exposition on fait les voyages de Turner en passant successivement de quelques œuvres de jeunesse, des aquarelles et quelques peintures en Grande Bretagne. Une trêve entre le Royaume-Uni et la France (1802-1803) permet à Turner de découvrir la Suisse et les maîtres anciens au Louvre. Entre 1805 et 1815, l’Europe, à cause de Napoléon, est interdite aux citoyens anglais. Ce seront alors des aquarelles magnifiques des bords de la Tamise, des pastorales rappelant Claude Lorrain.
La paix revenue, Turner fera de grands tours en Europe et le traitement de la lumière, des couleurs est de plus en plus maîtrisé et ses aquarelles sont vraiment de toutes beautés. Mélange de graphite, d’aquarelle, de gouache ce ne sont que des voyages en image aux bords de la Seine, de la Loire, des Pays Bas, de l’Allemagne. Il prend l’habitude de voyager l’été et chaque jour il note ses impressions de voyage dans des carnets de croquis. Il passe ainsi six mois en Italie pour visiter Rome, Naples et Venise.
Ce sont des sites remarquables de la culture européenne qui passent sous ses pinceaux et les couleurs, les effets de lumière, prennent de plus en plus le dessus sur le sujet, arrivant presqu’à l’abstraction.
Ce goût pour les coloris éclatants va s’exacerber dans les œuvres de sa maturité. Ce ne sont plus que masses simplifiées où s’accrochent des aubes fugaces ou des couchers de soleils rougeoyants. Voilà une exposition baignée de lumière qui nous éblouit. Ces formes de post impressionnistes annoncent demain les Monet, Boudin, Jonkind, Renoir…