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« NOTRE-DAME DU NIL » : Un Problème de Nez !

NOTRE-DAME DU NIL 

Un film de Atiq Rahimi avec Santa Amanda Mugabekazi, Albina Sydney Kirenga, Angel Uwamahoro, Clariella Bizimana, Belinda Rubango Simbi, Pascal Greggory

Sortie le 5 février 2020

L’HISTOIRE

Rwanda, 1973. Dans le prestigieux institut catholique ‘Notre-Dame du Nil’, perché sur une colline, des jeunes filles rwandaises étudient pour devenir l’élite du pays. En passe d’obtenir leur diplôme, elles partagent le même dortoir, les mêmes rêves, les mêmes problématiques d’adolescentes. Mais aux quatre coins du pays comme au sein de l’école grondent des antagonismes profonds, qui changeront à jamais le destin de ces jeunes filles et de tout le pays.

L’AVIS

Atiq Rahimi, 57 ans, est né en Afghanistan, il est romancier – prix Goncourt en 2008 pour son roman Syngué Sabour, Pierre de Patience – il a la double nationalité française et afghane. Il a réalisé deux films dont l’un à partir de son livre. Notre-Dame du Nil est un roman de Scholastique Mukasonga publié en 2012 et a reçu le prix Ahmadou-Kourouma et le prix Renaudot la même année. Pour l’écrivaine, le choix d’Atiq Rahimi était un bon choix « Lui l’Afghan, moi, la Rwandaise, nous avions une histoire presque commune. Il était très bien placé pour adapter Notre-Dame du Nil ». Atiq Rahimi s’est totalement immergé dans ce pays, dans cette histoire. Il a tourné sur place, a formé des actrices toutes plus belles les unes que les autres et talentueuses. Son film a quelque chose de documentaire. Pascal Greggory a là un très beau rôle dans un personnage colon aux allures énigmatiques. La musique empruntée à Aldo Romano, Henri Texier et Louis Sclavis sert parfaitement le propos. La photographie de l’excellent chef opérateur Thierry Arbogast – les films de Besson, de Téchiné, Ridicule de Leconte – les décors, les lieux de tournage sont d’une telle beauté que cela rend encore plus terrible cette histoire. « Je filme d’abord les jeunes filles dans leur rêverie et dans leur candeur ; puis lentement et progressivement, l’introduction de la politique et l’influence de la religion vont transformer leur univers angélique en un monde cauchemardesque. » l’explique Rahimi pendant que Mukasonga qui s’est investie aussi dans le film continue : « La beauté des images, des paysages, des visages. C’est très puissant. C’est un hommage magnifique aux hommes et à la nature. Cette beauté rend paradoxalement encore plus forte cette violence qui vient tout salir. Cette violence, nous la regardons sans arrière-pensée malsaine aujourd’hui. Au Rwanda, les notions de Tutsi et Hutu n’existent d’ailleurs plus ». Dont acte….Avec Notre-Dame du Nil nous sommes en face d’un film rare, puissant, avec un discours en filigrane sur le néocolonialisme, sur la puissance des cultures, des aprioris, et qui dépassent le simple cadre même du pays où se déroule ce drame et qui rend le sujet universel. Voilà encore le pouvoir de l’image, du cinéma. Nous sommes face à un film d’utilité publique qui montre, comme le dit justement Robert Maggiori – philosophe, journaliste – comment naissent les guerres intestines, la désignation de boucs-émissaires, l’attribution d’une culpabilité à des individus ou des groupes, pour la simple raison qu’ils n’ont pas la même croyance, la même religion, la même couleur de peau, la même langue, la même culture, ou tout simplement la même forme de leur nez.

 

 

 

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