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« SALLE CORTOT » : CENTRE DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE PARIS

CENTRE DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE PARIS

Salle Cortot – 78 rue Cardinet
17 décembre 2016 20h – 21h30


Pour sa seconde saison le Centre de Musique de Chambre de Paris a offert du 1er décembre au 17 décembre le  7éme Quatuor  de Beethoven interprété par le quatuor Hanson et Le Bal Masqué de Francis Poulenc par la troupe du Centre. Jérôme Pernoo, le directeur artistique du centre, a eu cette idée magnifique de faire interpréter une œuvre plusieurs fois comme cela se fait à l’opéra, au cinéma ou au théâtre.
Le quatuor Hanson a donc joué du jeudi au samedi soit neuf fois le Quatuor à cordes op.59 n°1 . Il est le premier des trois quatuors dédiés au prince Andrei Razumovsky dont il porte le nom.. L’année de sa création est très fertile pour Beethoven, il écrit deux autres quatuors, le concerto pour violon, le quatrième concerto pour piano et la quatrième symphonie ! Ce quatuor était supposé injouable ! Comme les deux autres Razumovsky ils ont suscités à leur époque, l’incompréhension aussi bien du public, des critiques que des exécutants. Au violoniste Radicati qui lui déclarait que ce n’était pas de la musique, Beethoven répondit : « Ce n’est pas pour vous ! C’est pour les temps à venir. ». Et à Schuppanzigh qui se plaignait de la difficulté technique du quatuor, il aurait répondu : « Croyez-vous que je pense à vos misérables cordes quand l’esprit me parle ?». Aujourd’hui lorsqu’on le regarde interprété on peut s’apercevoir de la difficulté, de l’énergie qu’il faut pour l’interpréter. On peut dire que la version des Hanzon est impressionnante. Après neuf exécutions ils l’ont dans les doigts mais ils sont exténués après les quarante minutes de tension qu’il dure. Ce 17 décembre après un Allegro d’une violence inouïe, leur Allegretto était de toute beauté et l’Allegro final exténuant ! Ce tout jeune quatuor, né en 2013, a un grand avenir devant lui. Il est composé par Anton Hanson, Jules Dussap, violons, Gabrielle Lafait, alto, Simon Dechambre, violoncelle.
Le concert de 21h30 intitulé Le Bal Masqué était de tout ordre, le surréalisme était à l’honneur et Jérôme Pernoo qui a mis en scène ce Bal Masqué  s’est amusé, comme il aime le faire, à casser les codes. Avant de commencer le bal, Antoine Préat joua Brouillard de Claude Debussy, un prélude du deuxième livre, mais cette musique avait l’air d’agacer le trio Bertrand Laude, clarinette, Ariane Bacquet, hautbois, Lomie Lamouroux, basson, qui coupèrent la chique au pianiste pour interpréter une œuvre moins sérieuse de George Auric, un trio intitulé Décidé ; à peine terminée, Antoine Préat repris la parole, plutôt le piano pour nous offrir une œuvre Embryons Desséchés  d’Eric Satie qui n’avait ni queue ni tête, même pour le compositeur ! Les instrumentistes s’amusaient pendant ce temps à jouer au cadavre exquis, à savoir, chacun met une phrase sur un papier sans que le suivant sache ce qu’il a écrit et le résultat est souvent surprenant et d’une poésie qui plaisait aux surréalistes ; sur cet entrefaite, c’est Caramel Mou de Darius Milhaud qui s’en est suivi avec l’apport de Julia Boucat à la trompette, Nadia Bendjaballad, aux percussions, Jérémie Billet au violoncelle et surtout Jérôme Boutillier le baryton qui chanta le texte de Jean Cocteau, un grand moment de folie :
Prenez une jeune fille,
Remplissez-la de glace et de gin
Secouez le tout pour en faire une androgyne
Et rendez la à sa famille.
Suivi une folle impro avant d’entendre Disco-Toccata de Guillaume Connesson, puis au piano le premier intermezzo pour piano seul de Stéphane Delplace et un Hommage à K  de Pascal Zavaro, joué au xylophone par Nadia Bendjaballah, œuvre un peu faible ; Mouvement perpétuel  de Charly Mandon était interprété par Ryo Kojima au violon et Antoine Préat, juste un numéro de cirque. Toute la troupe réapparu déguisée, masquée pour attaquer  l’œuvre informelle, décadente, drôle de Francis Poulenc : Le Bal Masqué . Jérôme Pernoo s’en est donné à cœur joie dans la mise en place des musiciens, il a su faire ressortir l’irrévérence de cette pièce musicale avec le texte de Max Jacob. Tous les interprètes ont joué le jeu et le baryton a chanté ce texte abscons avec beaucoup d’humour et d’intelligence sans forcer le trait. Mon gilet quadrillé a, dit-on, l’air étrusque et mon chapeau marron va mal avec mes frusques. On est dans le bon délire et musical et poétique. Le public lui aussi était en plein délire et ne voulait pas lâcher la troupe ! Espérons qu’elle ira faire un tour en France, danser, jouer, ce Bal Masqué d’anthologie !

Prochainement, au mois de Janvier :
du 5 au 14, à 20h Guillaume Bellom et Ismaël Margain, un duo de piano, interpréteront Suites de Rachmaninov
du 5 au 21 à 21h30 un quintette jouera  La Mort du Poète d’après Schumann.
Du 19 au 28 à 20h Le trio Zadig jouera le Trio  de Ravel
Du 26 au 28 à 21h30 L’histoire du Soldat  de Stravinsky avec la Troupe du Centre

Pour toutes informations www.centredemusiquedechambre.paris

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