Mais oui, il y a quand même quelques bons films qui sortent pendant les vacances.
D’abord des ressortis où même des films impossibles à voir ou à revoir depuis longtemps :
Le 1er Août un cycle de dix chefs d’oeuvres d’Ozu dont « Le Voyage à Tokyo », ou « Le Goût du Saké ». Ozu le grand cinéaste japonais à placer auprès de Mizoguchi, Kurosawa
Le 8 Août on peut revoir l’amusant film de science fiction « Cocoon » de Ron Howard avec des vieux qui se font une nouvelle jeunesse grâce à une piscine magique ! Don Ameche est génial et avait reçu un Oscar pour sa prestation ! Le même jour un des films cubains le plus connu « Fraise et Chocolat » (1992) de Juan Carlos Tabio et Tomas Gutierrez Alea. On peut s’interroger comment le régime a pu accepter ce scénario, une histoire entre un jeune qui croit à la révolution castriste et un homosexuel revenu de tout ! Jorge Perugorría et Vladimir Cruz donnent à leurs personnages toute leur vérité. La fin est magnifique ! Un film à voir absolument avec tous les changements qui se passent actuellement dans cette île ! Ce 8 août on peut revoir aussi le célèbre film d’ Edward Yang « A Brighter Summer Day ». A partir d’un fait divers des années 60, il raconte cette soif de liberté, la révolte des adolescents de Taïwan et le désarroi des adultes qui ont fui la Chine après l’arrivée au pouvoir de Mao Zedong. C’est à travers la quête d’identité d’un jeune garçon que Yang raconte celle d’une nation toute entière. Il est l’alter ego de Hou Hsia-hsien (« The Assassin » « Le Maître des Marionnettes ».) « A Brighter Summer Day » une sorte de « Fureur de Vivre » à la Taiwanaise !
Le 15 août pour la première fois au cinéma « The Intruder » de Roger Corman. Il est l’homme aux quatre cents films, qui a fait éclore toute une génération de cinéastes (Francis Ford Coppola, Joe Dante, Ron Howard, Martin Scorsese, Curtis Hanson…) qui a réalisé, produit des films en moins de dix jours, qui a fait débuter Jack Nicholson, fait de Vincent Price une vedette du cinéma de genre (« Le Corbeau », « Le Masque de la Mort Rouge », « La Chambre des Tortures »…), a donné ses lettres de noblesse à ce cinéma si décrié à l’époque. En 1962 Roger Corman réalise « The Intruder » un véritable brûlot politique, un chef-d’œuvre de film noir, sur l’intégration des enfants noirs dans les écoles du sud. C’est le futur capitaine Kirk de « Star Treck », William Shatner, qui incarne un prêcheur redoutable, un manipulateur attisant les pulsions les plus malsaines qui engendreront inexorablement la violence ! Un film rare et terriblement efficace.
Le 22 août un film totalement aux antipodes, avec « Les producteurs » le premier long métrage de Mel Brooks. Ce film déjanté, dans un univers décalé, avait reçu l’Oscar du scénario. Difficile de ne pas se souvenir de la chanson culte « Springtime for Hitler and Germany, Winter for Poland and France », fallait oser ! Le film n’a pas perdu de sa verve. Mel Brooks un grand maître de la comédie.
Il y a aussi des films récents qui sortent en ce mois d’Août.
Le 1er août le beau et touchant film de Richard Eyre : « My Lady ». Faut-il obliger un adolescent à recevoir la transfusion qui pourrait le sauver ? Fiona Maye, Juge de la Haute Cour, décide de lui rendre visite, avant de trancher. Leur rencontre bouleversera le cours des choses. Cette histoire pathétique est tirée d’un livre qui avait eu un beau succès de librairie : « The Children Act » écrit par Ian McEwan édité par les éditions Gallimard. Le titre fait référence à la loi de 1989 qui a révolutionné le droit de l’enfance en plaçant l’intérêt de l’enfant au-dessus de toute considération, dans le cas d’un conflit familial. C’est ce conflit que doit résoudre Emma Thompson, alias le juge Fiona Maye. Tout le film tient sur l’interprétation, exemplaire, juste, pleine de pudeur et d’émotion de cette très grande actrice. Elle est secondée par le parfait Stanley Tucci qui fait son mari et par le jeune acteur Fionn Whitehead qu’on avait découvert dans « Dunkerque » de Nolan, bien qu’il avait tourné dans « My Lady » avant. Un film à voir pour Thompson et les acteurs, une belle leçon d’interprétation par ces comédiens anglais. Ah n’oubliez surtout pas votre boîte de mouchoirs !
Le 8 août le deuxième film du talentueux David Robert Mitchell « Under the Silver Lake ». À Los Angeles, Sam, 33 ans, (Andrew Garfield) sans emploi, rêve de célébrité. Lorsque Sarah, (Riley Keough) une jeune et énigmatique voisine, se volatilise brusquement, Sam se lance à sa recherche et entreprend alors une enquête obsessionnelle surréaliste à travers la ville. Elle le fera plonger jusque dans les profondeurs les plus ténébreuses de la Cité des Anges, où il devra élucider disparitions et meurtres mystérieux sur fond de scandales et de conspirations. David Robert Mitchell avait réalisé un film fantastique, dans tous les sens du terme, superbe, « It Follows » (2015) qui avait reçu de nombreux prix. Ce réalisateur a le sens du cadre, des déplacements de caméra (ses travellings sont stupéfiants) d’une rigueur exemplaire. Ici on retrouve cette virtuosité technique de son précédent film loin de l’esbroufe, et qui sert un propos très élaboré. Avec ce film on est au cœur de Hollywood avec des citations, des hommages, qui raviront les cinéphiles. Quant au scénario on peut se demander dans quel état il était pour l’écrire ; sûrement dans celui du héros du film qui a, à ne pas en douter, fumé la moquette ! On y retrouve du Altman, du Linch, du Hanson, du De Palma, de tous ces grands réalisateurs contemporains qui ont posé leurs regards sur cette ville infernale ! Déjà dans « It Follows » la musique de Rich Vreeland alias Disasterpeace jouait un rôle essentiel, ici aussi. Mitchell a demandé à son compositeur attitré, de composer une musique orchestrale, un hommage au cinéma hollywoodien, dans la veine de Bernard Herrmann. Le problème était que ce musicien qui écrit surtout de la musique électronique n’avait jamais travaillé avec un orchestre symphonique! Vu le nombre de citations cinématographiques qu’il y a dans le film, le désir du réalisateur paraissait normal. Déconstruire à partir d’influences de musiques du cinéma classique, tel a été le pari qu’a mené Rich Vreeland et le résultat est surprenant. Ce n’est pas de l’imitation, c’est vraiment une musique originale. Tout concours dans ce film pour que l’on passe deux heures dans une sorte de rêve éveillé, pas loin du cauchemar, qui à la sortie de la projection laisse le spectateur pantois. Et il aime ça !
Plus de 50 films sont à l’affiche pour le mois d’août. Qui a dit qu’il n’y a pas de film pendant les vacances ?