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« VIVA L’OPÉRA » : LE ROMANTISME 7 – GAETANO DONIZETTI 2

Gaetano DONIZETTI (1797-1848)

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Maria Stuarda (1834)

Est un drame lyrique en deux actes sur un livret de Giuseppe Bardari créé dans une version remaniée au Teatro San Carlo le 18 octobre 1834 sous le titre Buondelmonte et dans la version originale, sous son titre original, à la Scala de Milan le 30 décembre 1835 avec la Malibran dans le rôle-titre. C’est le deuxième des opéras de Donizetti où apparaît la reine Élisabeth Ier d’Angleterre, le premier étant Elisabetta al castello di Kenilworth (1829), et le troisième étant Roberto Devereux (1837).

La composition de Maria Stuarda se situe après Anna Bolena (1830) et Lucrezia Borgia (1833) et avant Lucia Lamermoor (1835). Donizetti, alors âgé de 37 ans, fut approché par le Teatro San Carlo de Naples pour composer un nouvel opéra et songea à prendre pour point de départ le drame de Schiller qu’il avait vu représenter en italien à Milan.

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Donizetti proposa le sujet au célèbre librettiste Felice Romani mais il dut se rabattre sur un très jeune poète de 17 ans, Giuseppe Bardari, dont ce fut le seul ouvrage lyrique. Bardari suivit étroitement la pièce de Schiller. La censure napolitaine prit ombrage de la scène de l’acte II dans laquelle Marie Stuart traite Élisabeth Ire de bâtarde et s’inquiéta probablement aussi, en cette époque où la fièvre révolutionnaire agitait l’Europe, de voir monter sur l’échafaud, à la fin de l’opéra, la reine d’Écosse dont la souveraine de Naples, Marie-Christine de Savoie était la descendante. L’ouvrage fut interdit au lendemain de la générale, qui fut houleuse puisque les deux prime donne rivales, Giuseppina Ronzi de Begnis et Anna del Serre en vinrent aux mains dans la fameuse scène de l’acte II et l’on dut emmener del Serre évanouie. Pour sauver l’ouvrage, il fallut l’adapter à un autre livret, dû à Pietro Saladino sous le titre Buondelmonte, dont l’action se situe à Florence au XVème siècle. Donizetti réemploya l’essentiel de la musique de Maria Stuarda mais dut procéder à des adaptations qui le rendirent fort mécontent : en marge de la partition, il écrit : mais c’est laid !. C’est sous cette forme qu’eut lieu la première napolitaine le 18 octobre 1834. Refusant tout changement ultérieur il s’exclame : Faites-le vous-même et puissiez-vous vivre cent ans ! L’année suivante, Maria Malibran impose la création de l’œuvre originale à la Scala de Milan en ignorant les prescriptions de la censure. La première a lieu le 30 décembre 1835. Mais la prima donna n’est pas en forme et s’obstine à chanter malgré une sévère indisposition pour ne pas abandonner son cachet considérable. Elle ruine la représentation. Après six représentations, le public montre un certain enthousiasme pour l’œuvre mais cette dernière, interdite par les autorités municipales, doit être retirée. Réalisant l’impossibilité d’interpréter l’œuvre en Italie, une première à Londres est planifiée mais la mort prématurée de la Malibran l’âge de 28 ans, fait avorter le projet. L’ouvrage tomba alors dans l’oubli avant d’être ressuscité par le chef d’orchestre Oliviero De Fabritiis dans sa version originale, en 1958 au Teatro Donizetti de Bergame ville natale du compositeur.

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L’action se déroule en Angleterre en 1587. Marie, reine d’Écosse, s’est enfuie de son royaume et a été emprisonnée par sa cousine Élisabeth, reine d’Angleterre, au château de Fotheringay. Au palais de Westminster la reine Élisabeth doit se marier pour réunir les couronnes d’Angleterre et de France En réalité, la reine, est attirée par un autre homme que le roi de France. Talbot presse la reine de faire grâce à Marie Stuart mais son chancelier, Lord Cecil lui rappelle qu’on ne peut pas faire confiance à la reine d’Écosse et lui conseille de la faire exécuter. Élisabeth prie le ciel de la guider dans ses actes et menace de se venger de Marie Stuart s’il se confirme que, comme elle le soupçonne, celle-ci est éprise de Leicester qui est l’homme dont elle est elle-même amoureuse. Élisabeth nomme ambassadeur Leicester auprès du roi de France et lui remet un anneau en lui demandant d’annoncer qu’elle accepte l’offre de mariage tout en se réservant encore la possibilité de changer d’avis. Leicester semble indifférent à cette résolution, ce qui provoque un vif dépit de la reine. Talbot avoue à Leicester qu’il s’est rendu auprès de Marie Stuart à Fotheringay et que la reine emprisonnée a demandé l’aide de Leicester et lui remet la lettre qu’elle lui adresse. Leicester est touché par ce message et par la beauté du portrait qu’on lui présente et promet d’aider la prisonnière. Élisabeth demande à voir le billet qu’il tient à la main et se rend compte que Marie convoite non seulement son trône mais aussi l’homme qu’elle aime. Leicester nie être amoureux de la reine d’Écosse, convainc Élisabeth d’aller rendre visite à sa cousine à Fotheringay. Dans le parc de Fotheringay, Marie, en compagnie de sa suivante Anna, évoque les souvenirs heureux de sa vie passée à la cour de France où elle a été élevée. Leicester lui conseille de se soumettre à la Reine tout en jurant de la venger si cette dernière restait insensible à ses prières. Il demande Marie en mariage. Marie accueille Élisabeth. Celle-ci est mal à l’aise et, voyant Marie que Talbot est allé chercher, elle refuse d’abord de lui parler Marie se force à s’agenouiller devant sa cousine et à implorer son pardon. Mais la reine la repousse et, sur un ton sarcastique, l’accuse d’avoir trahi et assassiné son époux, puis s’en prend à Leicester qui tente de réconforter Marie. Marie réagit en insultant sa cousine qu’elle traite de fille impure et de bastarda. La reine la condamne à mort. Leicester implore sa clémence, mais la reine le repousse froidement et lui donne l’ordre d’assister à l’exécution. À Fotheringay, Lord Cecil informe Marie de la sentence. Elle refuse les services d’un prêtre anglican et sa confession est reçue par le loyal Talbot. Cecil vient annoncer qu’Élisabeth accorde à Marie une dernière volonté. Marie demande qu’Anna l’accompagne jusqu’au pied de l’échafaud. Leicester, bouleversé, apparaît et le deuxième coup de canon provoque son ultime protestation d’innocence. Au troisième coup, Marie marche, la tête haute, vers la mort.

 

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Barcelona, Teatro del Liceo, 1978

Orchestre et chœur du Gran Teatro del Liceo sous la direction de Armando Gatto – mise en scène de Guiseppe de Tomasi – Montserrat Caballe : Marie, Bianca Berini : Elisabetta, Eduardo Gimenez : Duc de Leicester, Enric Serra : Cecil, Maurizio Mazzieri : Talbot,

 

Roberto Devereux (1837).

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Cet opéra est vaguement inspiré d’un épisode historique : le complot fomenté contre Élisabeth Ière d’Angleterre par son favori Robert Devereux comte d’Essex exécuté le 25 février 1601. Livret de Salvatore Cammarano est d’après la tragédie Elisabeth d’Angleterre de Jacques Ancelot. En vérité, celui-ci procède encore plus directement d’un livret de Felice Romani, Il conte d’Essex (1833) mis en musique par Saverio Mercadante et représenté le 10 mars 1833 à la Scala de Milan avec peu de succès. La composition de l’œuvre, intervient dans une période particulièrement difficile de la vie de Donizetti puisque celui-ci, après avoir vu disparaître son père et sa mère en 1836 voit sa femme accoucher pour la troisième fois d’un enfant mort-né puis la perd quelques semaines plus tard en juillet 1837 et achève l’opéra alors que Naples est dévastée par le choléra: « pour moi, écrit-il le 4 septembre ce sera l’opéra de mes émotions ». Aussi est-il persuadé que Roberto Devereux est de mauvais augure. Comme pour lui donner raison, la prima donna, Giuseppina Ronzi de Begnis et le titulaire du rôle du duc de Nottingham, le basque Paul Barroilhet tombent d’ailleurs malades durant la première série de représentations qui doit, pour cette raison, être interrompue prématurément après le très grand succès de la création au Teatro San Carlo de Naples le 29 octobre 1837 . L’ouvrage est régulièrement joué jusque dans les années 1880 avant de disparaître du répertoire comme tant de partitions bel cantistes.

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L’action se déroule à Londres en 1598. Au Palais de Westminster. Roberto Devereux, de retour d’une expédition militaire en Irlande est accusé d’intelligence avec les rebelles irlandais et vient d’être arrêté. Sara, que la reine a mariée de force au duc de Nottingham, en est secrètement éprise. Elisabetta dit à Sara qu’elle a consenti à revoir Roberto, sans qui sa vie n’a pas de sens. Elle ne le croit pas coupable de la trahison dont on l’accuse mais le soupçonne de lui être infidèle. La reine demande des preuves supplémentaires et dit son intention de revoir son favori. Roberto Devereux est introduit auprès de la reine, lui reproche sa froideur et lui jure sa fidélité. Mais ses protestations mêmes éveillent les soupçons d’Elisabetta. Essex se demande si la reine sait qu’il aime Sara tandis qu’Elisabetta mentionne la bague qu’elle lui a donnée autrefois, gage de leur amour : s’il se trouve jamais en danger, il lui suffit de lui retourner cette bague et elle le sauvera. Son ami Nottingham promet à Roberto de le soutenir devant le Conseil. Roberto vient retrouver Sara dans ses appartements. Elle le supplie de retourner à la reine, mais Essex ôte de son doigt l’anneau que lui a donné la souveraine et le pose sur la table tandis que Sara lui remet en échange une écharpe bleue brodée de sa main qu’il jure de porter contre son cœur. Cecil vient informer la reine que le Conseil, malgré l’intervention de Nottingham en faveur de l’accusé, l’a condamné à mort. Néanmoins, la sentence ne sera applicable qu’après qu’elle y aura donné son consentement. Raleigh dit à la reine que lorsqu’on a fouillé Roberto après l’avoir arrêté, on a trouvé une écharpe de soie brodée d’or sur sa poitrine. Elisabetta reconnaît immédiatement l’écharpe de Sara. Roberto est introduit, la reine lui montre l’écharpe, que Nottingham reconnaît à son tour. Le duc appelle la vengeance divine sur son ami qui l’a trahi. Devereux refusant de livrer le nom de son amante et Nottingham cessant de le soutenir, la reine confirme la sentence de mort. Sara, apprend Roberto a été condamné. Elle reçoit une lettre par laquelle il la supplie de faire parvenir la bague à la reine. Elle décide de faire porter la bague à la reine pour obtenir sa grâce. Roberto attend sa grâce, car il ne doute pas qu’elle sera accordée dès que la bague sera entre les mains de la reine. Mais au lieu de la grâce attendue, les gardes qui viennent chercher Roberto lui apportent l’ordre de se rendre à l’échafaud. Elisabetta est entourée de ses dames d’honneur dans la grande salle du palais et attend avec anxiété la bague qu’Essex saura certainement lui faire parvenir. Sara apporte la bague. Elisabetta est surprise que ce soit sa rivale haïe qui lui apporte le bijou, mais elle n’en ordonne pas moins de suspendre l’exécution. C’est toutefois trop tard, car on entend au loin retentir le coup de canon qui vient de donner le signal au bourreau. La reine fait des reproches à Sara. Nottingham avoue qu’il a tenté d’empêcher sa femme de porter la bague à la reine. Elisabetta, folle de douleur, a des visions : la couronne d’Angleterre baignant dans le sang, un homme qui court dans les couloirs du palais en portant sa propre tête, une tombe qui lui est destinée et s’ouvre en engloutissant son trône. Elle déclare vouloir abdiquer en faveur de Jacques Ier fils de Marie Stuart.

Entre 1882 et 1964, Roberto Devereux n’était plus au programme des opéras. C’est un des rôles du répertoire les plus difficiles à interpréter. Dans les années soixante, les sopranos Leyla Gencer, Montserrat Caballé ont repris le rôle mais la version originale et complète c’est en 1970 que Beverly Sills, l’a chantée.

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Aix de Provence 1977 : Le triomphe de Montserrat Caballé !

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Roberto Devereux:José Carreras, Elisabetta:Montserrat Caballé, Sara:Janet Coster Duc de Nottinghan:Franco Bordoni, Sir Walter Raleigh:Ferrucio Furlanetto, Orchestre et chœur du Capitole de Toulouse sous la direction de Julius Rudel, mise en scène d’Alberto Fassini

Bonus : Sondra Radvanovsky au Metropolitan Opera, en 2016, impressionnant, devait être donné au TCE mais cause de covid etc etc…quel dommage !

 

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