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[ENTRETIEN] : ARTHUR AHARONYAN – UN MOMENT DE VOTRE VIE !

Arthur Aharonyan, pianiste, compositeur

©Garik Aharonyan

L’ARMÉNIE qui sait où elle se trouve ? Et lorsqu’on évoque en France ce pays, c’est pour la plupart des gens, le Génocide, Charles Aznavour, et plus récemment André Manoukian ou Mathieu Madénian (voir itv sur le site) ! Pourtant les Arméniens sont nombreux en France et certains sont très connus (Legrand, Veber, Vartan, Prost, Fiori, Segara, Ardan, Balladur, Guédiguian, Verneuil, Berléan …). Mais des compositeurs de musique de répertoire, il y en a très peu de par le monde. Arthur Aharonyan est un des rares pianistes arméniens qui est aussi compositeur. Je l’ai rencontré il y a quelques années bien sûr par le biais de la diaspora arménienne et j’ai filmé son premier concerto pour violon et ainsi pu suivre, caméra au poing, Sergey Khachatryan, à Erevan, un des plus grands violonistes actuels (écoutez ses concertos de Sibelius, de Chostakovitch !). Où en est aujourd’hui Arthur Aharonyan ? Á l’aube de ses soixante ans, j’avais envie de m’entretenir avec lui et de vous faire partager son héritage arménien pour composer.

J’ai trouvé un titre pour notre entretien qui n’est pas innocent : Un Moment de Votre Vie. Avez-vous une idée du pourquoi ?

Il y a un rapport avec William Saroyan ?

Exact ! Cet écrivain arménien avait eu le fameux prix Pulitzer grâce à une pièce de théâtre en 1939, à Broadway dont le titre était The Time of Your Life ! En Français Un moment de votre vie !

Vous m’associez à Saroyan c’est pas mal ! Par contre je n’ai pas ses moustaches (rires)

©DR

J’ai peut-être une fausse idée en tête, mais j’ai l’impression que vous les Arméniens, vous êtes Arméniens jusqu’au bout de la moustache !

On ne perd jamais notre côté arménien et je pense que c’est pour cela qu’il s’assimile facilement ailleurs, car nous savons qu’on sera toujours Arménien quoiqu’il arrive. On peut très bien ne pas parler la langue, mais notre vision de la vie, d’après la vie, du monde, fait que notre culture est profondément ancrée en nous.

D’où cela vient-il ?

Je ne sais pas, par exemple, quand j’étais petit on nous racontait l’épopée de David de Sassoun ; elle date de six milles ans, voire plus ; les sources remontent vers le période indoeuropéen et elle s’est toujours transmise par voie orale, elle fait partie de notre cosmogonie et l’on s’y reconnaît inconsciemment. Le monde d’aujourd’hui a d’autres règles et cela peut nous desservir par rapport à ces principes. L’Arménie a une très vieille histoire, le royaume d’Urartu, avant la naissance de l’état Arménien date d’environ 800 avant J.C.

Je pense que ce préambule est important, car ce passé si lointain et très présent chez les compositeurs arméniens.

Quoiqu’il nous arrive nous sommes soudés de par nos racines !

Aujourd’hui pour la plupart des gens l’Arménie n’a d’existence que par le génocide de 1915 !

C’est un pays qui remonte à des millénaires ! Il a été le premier état chrétien en 301.

Cette unité, la rencontre-t-on chez les compositeurs arméniens ?

Oui on peut reconnaître les compositeurs arméniens ; bien sûr il y a eu des influences. Il y a des siècles c’était une musique monodique, au Xème siècle nous avons des chefs-d’œuvres de Grégoire de Narek, Grigor Narekatsi, Krikor Naregatsi et d’autres, il y a des polyphonies cachées dans cette musique que l’on retrouvent dans la musique de Bach. A partir de la fin du XIXème siècle, pour créer l’école professionnelle de composition, les compositeurs arméniens ont étudié en Italie, en France, en Allemagne et en Russie mais la plus grande réussite a été Komitas (1869-1935). Il a étudié en Allemagne, il a sauvé la musique populaire arménienne de la perdition en la récoltant sur tout le territoire. Ses œuvres sont basées sur cette musique et ont une fraicheur incroyable. Sa musique est habitée, il y a la recherche de la foi mystique qui rapproche de la nature, aujourd’hui la musique est trop perturbée par ce qui l’entoure de vain, et on a du mal à retrouver ce cristal de l’âme, ce bonheur qui est en nous..

Seriez-vous un mystique ?

Je ne sais pas, mais il y a une chose dont je suis sûr c’est que nous, êtres humains, nous avons le droit de vivre dans le bonheur tous ensemble, car nous sommes là pour faire quelque chose, on n’est pas le fruit du hasard, il y a, à notre époque, tant de bruits épais qui nous empêchent de voir ce cristal qui est en nous, on peut l’effacer en se débarrassant de ce que je veux, de ce que je souhaite, il faut s’effacer pour rejoindre la vérité universelle et le bonheur suprême.

Quand avez-vous commencé à composer ?

J’ai commencé à jouer du piano à quatre ans à Erevan, et à composer vers huit ans, quand on nous apprenait au conservatoire les bases de la polyphonie.

Pourquoi la France ?

Ma mère avait une passion pour la France. On a toujours eu de très bonnes relations avec ce pays. Je suis venu en France à 29 ans, tout seul, en tant que pianiste.

J’ai eu la chance d’aller à Erevan, et j’ai vu que tous les enfants allaient au conservatoire !

Mais tous les enfants y vont, c’était comme une obligation de donner l’éducation musicale à ses enfants à l’époque soviétique et même encore aujourd’hui. Dans toutes les familles il y a un piano. Dans ma famille, ma tante chantait des chansons qu’elle composait, mon cousin est devenu un pianiste célèbre qui vit aujourd’hui aux Etats Unis, tout le monde devait chanter les jours de fêtes, on faisait même des spectacles, c’était ainsi dans les années soixante-dix. On vivait dans des cocons familiaux et on ne sentait pas le régime soviétique. Il était impensable de vivre sans la musique comme si on pouvait vivre sans manger !

Aviez-vous des nombreuses compositions?

Oui car il était facile de composer et de faire jouer sa musique, soit pour piano,soit pour orchestre, soit de la musique de chambre, sous le régime soviétique. C’était le côté positif du communisme.

Komitas était si connu que cela dans le monde de la musique ?

Oui bien sûr, Debussy adorait sa musique il avait dit : « Même s’il n’avait écrit que Antouni, ce serait suffisant pour considérer Komitas comme l’un des plus grands musiciens de notre époque ». C’est une musique incroyable, un monument qui dégage une telle force qu’on a l’impression que ce n’est pas un humain mais la nature qui a créé cette musique.

Donc à 29 ans vous êtes en France et  commenciez-vous à vivre de votre art ?

Oui en jouant du piano. J’ai fait des concerts partout en France, je me souviens, en tournée, avoir donné dix concerts en sept jours. Un après midi j’ai joué dans une prison et le soir même dans une grande salle de concert. Lorsque je suis arrivé à Paris c’était en fait pour un concert avec le violoniste, Haïk Davtian, ce concert a été apprécié et on nous a proposé de faire un disque, puis d’autres concerts, ensuite j’ai suivi des études à la Sorbonne avec Manfred Kelkel et Serge Gut. Il y avait des associations arméniennes qui m’ont aidé dans ce parcours.

Vous êtes depuis trente ans en France, vous sentez-vous toujours en touriste ou profondément Français ?

Je me sens profondément Français, mais plus j’avance en âge, plus je comprends que mes racines sont très importantes, peut-être plus que si j’étais resté en Arménie. Lorsque l’on quitte son pays on saisit ce que l’on a en soit, qui on est, d’où l’on vient, ces questions on ne se les pose pas lorsque l’on vit sans bouger dans son pays, c’est ce qui m’a marqué le plus en quittant l’Arménie. Là-bas ou ici, en fait c’est la même chose pour moi.

Qui vous a le plus influencé pour devenir compositeur ?

J’ai une grande admiration pour Chostakovitch, mais aussi pour Prokofiev, Bartók et Lutoslawski, sans oublier Komitas qui est mon guide suprême dans mon travail de compositeur. Ainsi j’apporte ma part dans l’évolution de la musique professionnelle arménienne qui est particulière et unique. Mais au début, à l’âge de 8 ans, c’est grâce à Bach que j’ai commencé à composer. Je pense que la musique de Bach est une source d’inspiration pour beaucoup de musiciens et pas seulement.

Vous avez quitté l’Arménie dans les années 80, étiez-vous au courant des problèmes qu’avait eu Chostakovitch face à l’Union des Compositeurs Soviétiques aux ordres du Parti ?

Bien sûr, et non seulement Chostakovitch mais aussi bien d’autres. Lorsque l’on écoute sa première sonate pour piano c’est un chef-d’œuvre, une musique épanouie, ce qu’il écrivit plus tard, on peut se poser des questions ; moi je ne me les posais pas dans les années 1970-80, c’était une époque bien différente, je vivais dans un cocon familiale loin de tous ces problèmes, plus tard j’ai compris que lorsque l’on se met dans un cadre, ce n’est simplement qu’un cadre ; cet homme qui est un génie pour moi, qui a composé des chefs-d’œuvres, s’il avait été placé dans un autre cadre, il aurait composé d’autres œuvres géniales, finalement ce n’est pas le cadre qui décide, il est dérisoire, ceux qui empêchent la création de la grande musique sont trop petits, ils peuvent juste mettre qu’un cadre, ils ne comprennent rien à la musique.

Parlons d’un Arménien connu, Khatchaturian, on est ici avec lui dans un cadre différent de celui de Chostakovitch non ?

Oui, Khatchaturian a eu moins de problème que Chostakovitch avec le cadre, il était très proche de la musique traditionnelle.

Cela doit être compliqué pour vous d’avoir Chostakovitch à côté de vous ?

C’est difficile, c’est vrai, sa musique attire comme un aimant et il est facile de tomber dans un piège.

Comment arrive-t-on à l’oublier, à couper ce cordon ?

Il y a eu une époque où je n’arrivais pas, mon premier concerto pour violon, inspiré de la musique de Chostakovitch que Sergey Khachatryan a interprété, demande à être retravaillé, mon second, interprété lui aussi par Khachatryan est plus réussi ; j’approche de la soixantaine et je compose une musique plus inspirée comme l’était Schubert, une musique totalement sincère.

Votre musique est assez éloignée de toutes les théories modernistes, post sérielles, dodécaphonistes, spectrales…vous sentez- vous en phase avec ces courants ou vous en n’avez rien à faire ?

J’en n’ai rien à faire, je ne peux pas dire que c’est mauvais, j’ai essayé, j’ai même composé des musiques très weberiennes, j’aime beaucoup Webern, Berg ; Webern c’est comme des novelettes, c’est souvent court et il a su avec une matière très restreinte, créer des instants très intenses.

Vous dites que vous êtes fascinés par les mathématiques, peut-on amener de l’émotion avec cette science, très employée à l’IRCAM ou par le GRM

Lorsque l’on est dans les calculs c’est une chose, c’est tout en bas de l’écriture, c’est le travail de base, banal, au-dessus il y a autre chose, qui est du domaine de la révélation, c’est de l’ordre de la lucidité. Lorsque l’on compose il arrive un point où l’on ne peut plus analyser. Lorsque l’on est à l’intérieur de la création on ne peut plus reprendre, recalculer et recoller des idées, il faut tout effacer et recommencer.

Qu’en est-il de la composition vocale qui à mon avis est parfaite pour la vision de votre art.

J’adore écrire pour les voix. Je n’aime pas trop les opéras, les grandes messes vocales. Mais une idée d’opéra tourne autour de moi depuis deux ans. Nous en parlerons plus tard, quand ce sera en phase de devenir la réalité.

Existe-t-il des opéras arméniens ?

Il y a plusieurs compositeurs qui ont écrit des opéras, par exemple Arshak II est le premier opéra classique arménien. Il a été écrit par Tchouhadjian et Terzian en 1868, Anouch lui a été composé par Tigranian en 1912 ; c’est peut-être l’œuvre la plus populaire de la musique et du théâtre arménien.

Pour écrire des œuvres vocales est-ce le texte qui prime ?

Très souvent ce sont des textes qui m’inspirent pour écrire des œuvres pas nécessairement chantées. J’étudie beaucoup l’alphabet arménien car il y a des sons, des mystères, dans cet alphabet ; il y a par exemple 36 lettres dont sept voyelles qui correspondent à des planètes, à des couleurs…, et il y a toute une symbolique avec tout ce qui nous entoure dans l’alphabet arménien, c’est un univers où on a tellement de possibilités mystiques, spirituelles, actuelles, que c’est un rêve d’essayer de composer dans cette langue.

Alors tout ce que vous avez écrit pour la voix est en Arménien ?

Essentiellement en Arménien, mais j’ai écrit aussi en Français. J’ai même composé des chansons. Je ne suis pas encore prêt pour écrire des œuvres importantes pour la voix car reproduire ce qui a été déjà fait ne m’intéresse pas.

Vous n’avez pas encore composé des symphonies non plus.

Pas pour l’instant.

Vous êtes en écriture sur un concerto pour piano et violon, ce qui est assez rare dans la littérature classique ?

C’est assez compliqué d’écrire un concerto pour violon et piano, car pour ces deux instruments l’orchestre ne peut pas avoir le même format; pour l’instant je termine une œuvre pour voix de femme et orchestre symphonique pour les Etats Unis. Le texte est d’une poétesse arménienne contemporaine Metakse Poghosian. Metakse veut dire soie, mais c’est aussi la douceur, le texte parle de l’image d’une femme, il sera chanté par une soprano Shoushan Parsoumyan qui sera dirigée par son père Vatché Parsoumyan. Il a quelques années j’avais déjà composé un œuvre pour elle, Le Cri de Mon Âme, pour soprano, clarinette et piano. Cette chanteuse, je l’avais entendue dans Le Grand Macabre de Ligeti avec le même chef d’orchestre.

Vous appréciez aussi Ligeti !

Bien sûr je l’apprécie énormément, son Premier Quatuor et les Bagatelles pour quintette à vent m’ont fait rêver et ont nourri mes idées à une époque. Il y a beaucoup de grands maîtres qui accompagnent un compositeur durant les différentes étapes de sa vie de créateur. Je me souviens ma première rencontre à Moscou avec un grand compositeur, Nicolaï Sidelnikov, j’avais 17 ans, il m’avait reçu dans sa datcha, je lui avais fait voir mes compositions et je me souviens lui avoir dit au cours de notre conversation que je n’aimais pas Beethoven ! Il m’a répondu quelle chance ! J’ai été étonné de sa réponse et il continua, parce qu’un jour tu vas découvrir Beethoven !

Alors avant de commencer cet entretien vous m’avez parlé d’un projet musical assez fou et original au sujet d’un symbole qui n’est plus hélas en Arménie, qui est le Mont Ararat et qui est l’emblème même de votre pays !

Notre pays c’est le Monde qui est la maison pour nous tous ! Il ne faut pas l’oublier. En Arménie on voit le Mont Ararat de partout. C’est parce qu’il est si grand ou peut-être que c’est notre pays qui l’est. C’est un projet d’un trio suisse qui se nomme Galan Trio, et plusieurs compositeurs vont y participer. Il y a un Russe, un Américain, un Irlandais, un Portugais, un autre Arménien, on est six. Chacun des six compositeurs fait une composition à partir des lettres. Chaque lettre du Mont Ararat, est un symbole. A c’est le commencement, Ar c’est la base de tous les mots arméniens, Arar c’est la création, Ararat c’est là où vivait le créateur, c’est la maison de Dieu.

C’est là si je me souviens bien où Noé s’est retrouvé après le Déluge.

C’est exact

Et vous quelle partie avez-vous dans la composition ?

Le nom dans sa totalité.

Vous êtes le Créateur alors ! (rires)

Je conclue la série de pièces, c’est tombé comme cela. Pour moi il y a tous ces symboles évidemment. Mes grands parents habités juste derrière le Mont Ararat, en Turquie donc, il y a une ville qui s’appelle Igdir, mon grand-père chantait des chants de cette région, son père travaillait en Turquie, il a disparu sans que l’on sache comment. Pour venir en Arménie, la famille de mon grand père, ils étaient sept enfants, devait traverser le Mont Ararat avec leur mère, il n’y en a que deux qui ont survécu.

Dans quelles années est-on ?

Vers 1915 je pense, et c’est pourquoi je suis né en Arménie. Notre famille était très connue ; Aharonyan veut dire descendant d’Aharon, yan veut dire famille de, c’est assez récent de faire ainsi, avant il n’y avait qu’Aharon, donc pour moi, cette composition est aussi affective. Ce Mont est très mystérieux, on raconte qu’il y existe une bibliothèque extraordinaire et très ancestrale.

On retrouve cela dans toutes les grandes montagnes du monde, au Japon, au Tibet, en Amérique du Sud..

Tout ce qui touche à ce Mont m’inspire, j’ai dans ma pièce inséré une chanson, juste la mélodie, qui se nomme Kele lao ce qui veut dire viens mon fils, c’est une histoire d’un grand-père qui dit à son fils, ou petit-fils, on va aller dans notre pays. Et à la fin de la chanson on dit, là-bas c’est notre père et notre mère qui fleurissent, c’est là-bas qu’ils sont morts, c’est une chanson très forte.

De quand date-t-elle ?

Elle est très ancienne, avant le génocide, mais il y a des paroles qui ont été rajoutées après le génocide. Il faut savoir que les chansons arméniennes ne sont pas figées, Komitas a fait un travail extraordinaire à ce sujet, une chanson chez nous, c’est une matière vivante.

On a fait un tour sur votre manière de composer, il y a une chose qui m’a très étonné à Erevan, c’est la présence importante du jazz, est-ce qu’il faut y voir une corrélation avec le peuple arménien et le peuple noir américain, opprimé, qui a inventé ce style de musique ?

Le jazz en Arménie c’est récent, ce n’était pas le cas en Union Soviétique, mon professeur Edouard Bagdassarian était un des premiers chefs de l’unique orchestre de jazz en Arménie ; aujourd’hui c’est très répandu certainement parce ce qu’à la base c’est une musique traditionnelle et qu’elle est très rythmée ce qui est dans les racines de notre musique. Pour ma part, je compose en marchant, si je ne bouge pas, je ne peux pas créer. Le mouvement et le rythme m’apportent une fluidité de penser. Après la chute de l’URSS, la nature a fait que cette musique s’est répandue et il y a de très bons musiciens dont Tigran Hamasyan, mais dire qu’il y a une corrélation je ne pense pas. La vraie musique arménienne qui pouvait devenir aussi importante que le jazz n’est pas encore au rendez-vous, Komitas n’était pas suivi, ça doit venir, et cela va offrir au monde quelque chose d’unique.

Est-ce vous qui allait l’écrire ?

En tous cas je travail intensivement dans ce sens, mais pour que cela existe il faut des générations de compositeurs.

N’est-ce pas le moment de votre vie ?

C’est tout à fait possible, en tout cas je le vis comme cela, je cherche avec l’orchestre ce qui va sonner vraiment comme un orchestre de Komitas. La France m’a beaucoup aidé dans ce sens, Debussy, Ravel c’était énorme pour moi et j’ai étudié l’orchestration en France, je pense que je suis armé aujourd’hui pour pouvoir le réaliser. J’espère trouver le chemin de l’évolution de la musique arménienne, la couleur particulière d’un orchestre qui convienne à cette musique.

Y’a-t-il aujourd’hui une œuvre que vous avez composée dont vous êtes le plus fier ?

Il y a une pièce que j’ai composée lorsque j’avais 23 ans, Les Miniatures pour piano, c’est des toutes petites pièces, très courtes, dans lesquelles on peut voir la cristallisation de mon langage musical. Elles se ressourcent de la musique arménienne enrichie par la structuration laconique wébérienne par une transparence en couleurs d’aquarelle debussyste, mais cette musique est de moi totalement. Dans la continuité de ce langage particulier il y a une pièce pour chœur d’enfants qui se nomme Images Rustiques, c’est sur des textes d’Hovhannes Toumanian, un des plus grands poètes arméniens.

Comment est reçue votre musique en Arménie ?

On me joue, j’aimerais l’être plus c’est certain.

Votre collaboration avec Sergey Khachatryan, un des plus grands violonistes actuels doit vous aider.

C’est vrai que notre collaboration est assez forte, il est devenu un ami, après mon premier concerto, deux ans plus tard il m’a demandé pour l’Amsterdam Sinfonietta de lui écrire un nouveau concerto et si j’écris le concerto pour violon et piano c’est à sa demande ; j’écris assez lentement et je cherche un langage qui corresponde à mon pays et je laisse mon inconscient parler après avoir beaucoup travaillé derrière.

Alors êtes-vous conscient d’avoir parlé d’un moment de votre vie ?

(Rires)

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