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« CATHÉDRALE SAINTE-CROIX-DES-ARMÉNIENS » : CAN ÇAKMUR

 

13 rue du Perche 75003 Paris

mercredi 20 juillet 2022, 20h

Amateurs d’art, Florence et Damien Bachelot se prennent de passion pour la photographie dès les années 2000, constituant une collection au gré des ventes aux enchères et des coups de cœur en galeries. Aujourd’hui leur collection est constituée de 700 tirages. Alors que vient faire ce couple à la Cathédrale ? Et bien c’est grâce à eux et leur générosité que le pianiste Can Çakmur a pu faire son récital dans le cadre des Jeunes Talents. Des mécènes il en faut pour offrir autant de concerts dont la moitié, gratuits, ont lieu dans la cour d’honneur des Archives Nationales, dans les hôpitaux et les maisons de retraite.

On apprend sur www.cancakmur.com qu‘il faut prononcer son nom ainsi : Djahn Tchakmur, qu’il a gagné le premier prix du Scottish International Piano Competition en 2017 et celui du 10ème Concours International de piano de Hamamatsu au Japon en 2018, il y a même gagné le prix pour la musique de chambre. Bon il a aussi écrit sur son site qu’il a gagné un bon nombre d’autres prix, qu’il a joué avec un bon nombre d’orchestres, sous la direction d’un bon nombre de chefs talentueux, qu’il participe à un bon nombre de concerts de musique de chambre en plus d’un bon nombre de récitals en Europe et au Japon qui ont reçu un bon nombre d’excellentes critiques,

qu’il a enregistré un bon nombre de disques qui ont reçu un bon nombre de récompenses internationales et qu’il prépare un bon nombre d’autres enregistrements. Il a écrit un bon nombre d’articles et fait un bon nombre d’émissions sur les plateformes. La dernière ligne de sa biographie nous indique très brièvement que ses premières impulsions musicales sont venues avec Emre Şen, Jun Kanno et Marcella Crudeli. Il a ensuite étudié en privé avec Diane Andersen et avec Grigory Gruzman à l’Université de musique Franz Liszt de Weimar. Donc quelques bonnes fées et autres elfes se sont penchés sur son berceau musical mais il reste bien mystérieux sur son parcours de pianiste. Voilà un jeune homme d’à peine 24 ans ( ?) qui a tout compris sur comment se faire de l’auto pub, qu’il est conscient de sa valeur artistique et après lecture de son panégyrique donne envie d’aller l’écouter.

La soirée promettait d’être donc de haute volée ! À peine entré dans le cœur de la cathédrale, sans s’occuper de savoir si les chaises étaient vides ou non (non car il y avait de nombreux VIP invités par le couple Bachelot) et attaqua de manière légère et décontracté la sonate n°10 de Mozart. Cette vision très personnelle n’est peut-être pas à mettre entre toutes les oreilles, peut-être réservée qu’aux mélomanes déjà connaisseurs des sonates de Mozart. Serait-il fasciné par un très célèbre pianiste turc, borderline, à savoir Fazil Say qui a fait une intégrale très personnelle de ces sonates ?

Le prélude en ré bémol majeur de Lili Boulanger, œuvre très introspective faisait une introduction à une sonate op.76 (1990) d’un compositeur turc Ahmet Adman-Saygun (1907-1991).  Can Çakmur nous a fait découvrir, on l’avoue, un artiste immensément connu dans son pays, un artiste d’état, adoubé par Kemal Atatürk lui-même. ! Allez un petit cours d’histoire de la musique, après nous ferons une pause avec un tube de Schubert avec ses célèbres impromptus Op.142.

©DR

Bon, Ahmet Adman-Saygun est né le 7 septembre 1907 à Izmir. C’est un vigneron turc, professeur de musique et ethnomusicologue, qui a produit des œuvres de musique classique occidentale. Il est le premier artiste d’État Turc (1971). Connu sous le nom de Turkish Fives dans l’histoire de la musique turque, il est le compositeur du premier opéra turc, Yunus Emre Oratorio (1942), une des œuvres les plus jouées pendant la période républicaine, c’est son œuvre la plus importante. Il fut joué à Paris et à New York à l’occasion de l’anniversaire de la fondation de l’Organisation des Nations Unies en 1958, sous la direction du chef d’orchestre Leopold Stokowski…En 1925 il est envoyé à Paris avec une bourse d’État. Il étudie la composition avec Vincent d’Indy … Il retourne en Turquie en 1931 et commence à enseigner à l’école des professeurs de musique pendant un certain temps…En 1936 , il accompagne Béla Bartók, venu en Turquie à l’invitation des Centres communautaires, lors de sa tournée anatolienne. Ensemble, ils notent les chansons folkloriques qu’ils compilaient notamment autour d’Osmaniye. Ces œuvres ont été transformées en un livre intitulé Béla Bartók’s Folk Music Studies in Turkey et publié en anglais par l’Académie hongroise des sciences en 1976… Comme souvent les artistes d’état ont une période de disgrâce. Elle durera jusqu’à la représentation de Yunus Emre Orotoryo. Avec cette composition il a transmis les mélodies qu’il a entendues des derviches Mevlevi de la rue Dervişler au bazar d’Izmir Kemeraltı dans son enfance. L’artiste est décédé le 6 janvier 1991 des suites d’un cancer du pancréas. Ses nombreuses œuvres, une centaine,  ont été interprétées par de nombreux ensembles tels que le New York NBC, l’Orchestre Colonne, Orchestre Symphonique de Berlin, le Quatuor Julliard et  ce mercredi 20 juillet par Can Çakmur dans une église arménienne…sans commentaire. Ce jeune pianiste nous a montré tout son talent de pianiste avec cette composition de fin de vie (1990) ; sonate violente, tragique, avec des motifs de requiem, moment de solitude intense et de rage exacerbée ! Quelle technicité et sensibilité pour interpréter cette composition ! Ah une constatation tragique en lisant le programme, et souvent les médias aiment la mettre en avant ( le fameux club des 27, surnom donné à un ensemble d’artistes célèbres du rock et du blues qui ont comme point commun d’être morts à l’âge de 27 ans tels que Hendrix, Joplin, Morrison, Jones… ), les compositeurs qui ont fait partie du récital sont morts très jeunes! Boulanger 25 ans, Schubert, 31, Mozart,35 ! Si on additionne le temps de leur vie cela correspond pratiquement à la durée de vie de Saygun ! Terrible car c’est  impressionnant ce qu’ils ont pu produire de chefs-d’œuvres en si peu de temps ! On Ferme le banc ! .

La pause est terminée et c’est avec les impromptus que vraiment le pianiste a séduit le public. Sensibilité, vélocité, tempi, tout y était pour l’enchanter. Si l’œuvre de Saygun a dérouté, là le public était sur un petit nuage. Et pour mieux le tenir il l’a fait valser en bis au son de Chopin…Malin ce jeune Turc…Il a une tête bien faite et des doigts agiles…

On a pas été un peu trop long sur la vie de Saygun ?…beinh comme on ne connait pas grand-chose sur celle de Çakmur ça compense… je suis sûr qu’on est un peu longuet… on aurait pu ajouter sur Çakmur qu’il a vécu ses six premières années à Ankara et qu’il est venu ensuite en Allemagne avec ses parents…qu’il est totalement Turc et que…

 

Y’a un verre offert par les Bachelot vous viendrez bien prendre une petite coupette…le coup du musicien d’État et sa disgrâce on devrait peut-être le supprimer c’est pas très diplomatique en ce moment non…ça ne raccourcirait pas tant que cela… ah bon?

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