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« SALLE GAVEAU » : LE FEU & LES LARMES DES MUSES – JORDI SAVALL

45 rue La Boétie 75008 Paris

mercredi 29 novembre 2023, 20h30

Elizabethan Consort Music (1533-1603) : Innocentio Alberti, Christopher Tye, William Byrd, Alfonso Ferrabosco, Anthony Holborne, John Dowland, Orlando Gibbons, Richard Nicholson

Elionor Martinez, soprano, William Shelton, contre-ténor

Hespèrion XXI, Jordi Savall, viole, direction

Henri VIII faisait couper les têtes de ses femmes et d’autres, Jacques 1er lui a perdu la sienne, Marie 1er était surnommée Bloody Marie, son demi-frère, Edouard VI, n’était pas en reste et Elisabeth 1er a su faire marcher les exécutions sommaires pour asseoir son pouvoir. Alors avec tout ce sang répandu à cette époque, dans cette Angleterre bien agitée, la musique composée était d’une grâce, d’une pureté, souvent d’une grande mélancolie. Ces rois et ces reines ont appris à jouer d’un instrument autre que la hache et étaient émus à en pleurer par les compositions de Byrd, Holborne, Dowland, Gibbons… ! Marie 1er jouait du clavecin à quatre ans, son père composait à ses heures perdues, Elisabeth s’adonnait à la musique. Ces compositeurs qu’a interprété Jordi Savall avec son groupe et ces deux superbes jeunes chanteurs, avaient la côte auprès de l’aristocratie et donc aussi auprés de la bourgeoisie. Pendant deux heures on a entendu une belle musique, assez triste, où l’on parlait de ténèbres, d’Enfer, de péchés à se faire pardonner,  de souffrances, de tristes désespoirs, tout cela interprété par un groupe de musiciens assez réduit

– Natalia Timofeeva, viole de gambe ténor, Philippe Pierlot, viole de gambe basse, Juan Manuel Quintana, viole de gambe basse, Xavier Puertas, consort bass, Xavier Diaz-Latorre, luth et guitare – sous la direction bienveillante de Jordi Savall. Les morceaux instrumentaux, d’une profonde douceur, comme une longue litanie,  étaient entrecoupés par des airs, pas très gais, interprétés par ces deux jeunes chanteurs magnifiques. Le public – la salle était comble – a écouté avec recueillement ces accents plaintifs et en a redemandé en bis !

Jordi Savall, par son talent, depuis cinquante ans, a su faire accepter ces musiques anciennes qui demandent une écoute totale, entière. Avec violes , violes de gambe, luths, clavecins, théorbes, il s’arrange à ce que le temps soit suspendu ! Cela tient du miracle !  Ce mercredi soir, avec l’aide de Philippe Maillard, il a réussi à ce que cela arrive une fois de plus ! En paraphrasant Dowland avec son tube Now, O Now, I Need Must Part … Savall pourrait nous dire : While I live I needs must love ! Yes you will Jordi!

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