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« STUDO 104 » : ORBIT – CARPE DIEM

Maison de la Radio, Studio 104

18 mai 2019

Orbit – Trio

Stéphan Oliva, piano, Sébastien Boisseau, contrebasse,

Tom Rainey, batterie

Paolo Fresu Devil Quartet « Carpe Diem »

Paolo Fresu, trompette, bugle, Bebo Ferra, guitare,

Paolino Dalla Porta, contre basse, Stefano Bagnoli, batterie

Sans le quartet de Paolo Fresu, qui sait si des auditeurs se seraient déplacés pour écouter le trio Oliva, Boisseau, Rainey malgré le « choc » collé sur la pochette de leur disque «Orbit». Nous avons écouté un trio de musique d’accord mais de quelle musique s’agissait-il ? Le problème se pose souvent aujourd’hui avec cette appellation qui est devenue un fourre-tout-musical comme pour la pop et toutes ses dénominations…. Est-ce de la musique contemporaine, comme Adams, Glass, Nyman, Adès ? Pas très convaincante, par la pauvreté des compositions proposées ; est-ce un trio de jazz ? Pas très convaincant sur l’improvisation. La plupart des compositions interprétées étaient insipides, sans vraiment de discours qui puissent nous enthousiasmer. Un exemple : hommage à Gene Tierney ; Oliva a-t-il vu un film avec l’actrice ? Connaît-il sa vie ? J’étais ravi d’avoir un discours musical sur cette actrice, une de mes favorites, qui a joué dans un des films les plus noirs, les plus mortifères, d’Hollywood, à savoir Laura. Le thème écrit par Raksin est de tous les répertoires des jazzmen et chanteuses. Cette actrice a été broyée par les studios et a terminé dans un asile psychiatrique, puis vendeuse. Le pianiste nous a offert ce genre de composition qu’on vous met avant les décollages en avion pour ne pas vous stresser, curieux hommage. Bon le bassiste faisait un énorme boulot (pendant tout le concert) et le batteur s’amusait avec virtuosité à trouver des formules percutantes, sans un sourire, pendant toute sa prestation. On pourrait ainsi décortiquer tous les morceaux, ce qui serait sans intérêt, comme le concert. Oublions le pastiche de Fleurette Africaine de Duke Ellington etc etc (beau boulot de la section rythmique). Bon un court moment intéressant quand même : l’hommage à Ornette Coleman. Surtout grâce à la formidable qualité instrumentale de Boisseau (à la Izenson) et le travail, en solitaire, de Rainey (à la Higgins). Le pianiste a tenté de faire du Coleman au piano, ce n’était pas mal réussi. Par contre pendant tout le concert, il avait le nez dans sa partoche, avec une main gauche feignante et quelques accords répétitifs à la main droite, bof, il n’a jamais fait décoller la musique qu’il désirait nous faire entendre. On oublie.

Et enfin Paolo Fresu vint ! Avec sa manière naturelle, humoristique, de présenter ses partenaires, les compositions qu’ils interprètent – la plupart sont de son dernier album « Carpe Diem » – le trompettiste et bugliste prolifique nous convia à un pur concert de musique de jazz ! Rien de révolutionnaire dans la conception, mais quel bonheur de les voir jouer ensemble, se répondre, et de nous offrir en retour que du plaisir. Ce n’était que de la beauté, Fresu sait ciseler ses thèmes et partir dans des inventions mélodiques stratosphériques en s’appuyant sur une rythmique simple et puissante. Avec Bebo Ferra, exceptionnel à guitare acoustique, dans la lignée d’un West Montgomery, on sent que ces deux Sardes s’apprécient et qu’il existe une véritable complicité aux cours de leurs échanges, souvent infernaux. Fresu arrive à transformer la variété italienne, ou des thèmes de séries télé, en vrais morceaux de jazz. Tout est juste, remarquable, le soleil est sur scène et une énorme émotion nous envahit. On trouve la prestation de ce quatuor trop court et une seule envie nous étreint : se procurer au plus vite l’album « Carpe Diem ». Ce titre résume fort bien le concert: jouir, profiter de l’instant présent sans se soucier du lendemain ; c’est ce que nous avons fait grâce à Paolo et ses compères au studio 104.

© DR

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