Gaetano DONIZETTI (1797-1848)
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En trente ans de carrière, Donizetti est l’auteur d’environ 550 œuvres, dont 71 opéras, 13 symphonies, 18 quatuors, 3 quintettes, 28 cantates, 115 autres compositions religieuses dont un Requiem en 1835, pour la mort de son ami, le compositeur Vincenzo Bellini, sans compter un nombre important de pièces de musique de chambre, des oratorios et des pièces de salon, ce qui en fait un des compositeurs les plus prolifiques du XIXe siècle. Mais il est surtout célèbre pour ses opéras.
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Héritier de Rossini, rival de Bellini, précurseur de Verdi, Donizetti fait partie des principaux compositeurs italiens du XIXe siècle. Il marque la naissance de la musique romantique italienne illustrée par son opéra Lucia di Lammermoor, chef d’œuvre du bel canto.
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Lucia di Lammermoor (1835)
C’est un opera seria en deux parties et trois actes sur un livret en italien de Salvadore Cammarano d’après le roman La Fiancée de Lammermoor de Walter Scott. Il a été créé le 26 septembre 1835 au teatro San Carlo de Naples.
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Aucune œuvre ne justifie mieux la célèbre définition de l’opéra italien par Bernard Shaw : « Les efforts d’un baryton pour empêcher la soprano et le ténor de coucher ensemble ». C’est précisément une représentation de Lucia à Rouen qui déchaîne les sarcasmes de Flaubert dans Madame Bovary. Il parle de lamentations mélodieuses, de râles élégiaques, de ces deux frénétiques qui exhalent leur intarissable passion en cavatines pâmées et cabalettes fleuries. A la limite du ridicule ou du sublime, la Lucia continue à susciter les opinions les plus contrastées. La Callas, fabuleuse tragédienne, lorsqu’elle apparut a transformé, le pathos grand-guignolesque en pure émotion.
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Annonciateur du romantisme italien, cet opéra est le chef-d’œuvre « tragique » de Donizetti, dont le succès ne s’est jamais démenti. Le passage le plus connu est la longue scène de la folie où Lucia sombre dans une démence irréversible. Cette scène est l’occasion pour l’interprète de Lucia de déployer sa virtuosité et sa technique dont le point central, la cadence, a été ajouté par la tradition dès la création.
©Francesco Bagnara. Venise, Museo Civico Correr.
L’action se déroule dans l’Écosse de la fin du XVIe siècle pendant que les guerres entre catholiques et protestants font rage. Les Ashton, depuis longtemps les grands rivaux des Ravenswood, ont pris possession du château de ces derniers, situé près de Lammermoor. Enrico Ashton veut marier sa sœur Lucia avec Lord Arturo qui pourrait sauver sa famille de la banqueroute. Lucia aime Edgardo de Ravenswood, l’ennemi juré d’Enrico qui a fait le serment de se venger contre la famille de Lucia responsable de la mort de son père. Edgardo part en France après avoir échangé avec sa fiancée des preuves d’amour sous la forme d’un anneau. Des mois ont passé sans qu’Edgardo ne donne de ses nouvelles. C’est en fait Enrico qui a donné l’ordre d’intercepter toutes ses lettres. Il a également arrangé un mariage entre sa sœur et Arturo Bucklaw. Enrico montre à sa sœur une fausse lettre censée prouver l’infidélité de l’absent. Elle accepte, mais est bien décidée de se donner la mort une fois le mariage consacré. Edgardo survient, réclamant sa fiancée. Enrico, Arturo et Edgardo s’apprêtent à se battre lorsque Raimondo montre le contrat de mariage signé de la main de Lucia. Edgardo reprend l’anneau de sa fiancée et s’enfuit en la maudissant. Alors que se déroulent les festivités du mariage, surgit soudain Lucia, hagarde, échevelée et ensanglantée. Elle a tué Arturo et elle est devenue folle. Elle rêve son avenir, unie avec Edgardo. Lucia prenant son frère pour son bien-aimé Edgardo implore son pardon avant de le prier de veiller sur sa tombe. Edgardo attend Enrico avec l’intention de se jeter sur l’épée de son ennemi, ignorant le sort tragique de son ancienne fiancée. Il apprend que Lucia va bientôt mourir, et que dans sa démence elle réclame Edgardo. En entendant sonner le glas, il comprend qu’elle est décédée. Désespéré il se suicide en se poignardant et meurt en prononçant le nom de sa bien-aimée.
©DR Fanny Persiani (1812- 1867) créatrice du rôle de Lucia
Barcelone 1988 – Lucia : Joan Sutherland, Edgardo :Alfredo Kraus, Enrico :Vincenzo Sardinero, Raimondo :Harry Dworchak Arturo :José Ruiz, Alisa :Maria Àngels, Sarroca Normanno :Alfredo Heilbron, Orchestre & Chœur du Gran Teatro del Liceo, direction de Richard Bonynge, mise en scène Vitorio Patane.
L’Elisir D’Amore (1832)
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C’est un opéra sur un livret en italien de Felice Romani lui-même tiré du livret écrit par Eugène Scribe pour Le Philtre (1831) de Daniel François Espriut Aubert. Il a été créé au Teatro della Canobbiana de Milan le 12 mai 1832
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Malgré le travail sans relâche du compositeur et du librettiste, l’opéra n’était pas terminé lorsque les répétitions commencèrent, ce qui laissa Donizetti pessimiste sur l’avenir de cette œuvre. Il décrivit la distribution avec franchise : « le ténor est correct, la prima donna a une belle voix mais est la seule à comprendre ce qu’elle dit, le buffo est un chien… ». En séducteur honnête, le compositeur dédia cet opéra au Beau Sexe de Milan
Malgré son scepticisme, l’opéra obtint un succès triomphal lors de sa création. L’Elisir d’Amore fut joué trente-trois fois durant la saison de sa création. Pendant les trente années qui suivirent, l’opéra fut représenté dans trente-six pays et traduit en quatorze langues
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L’action se déroule dans un village basque à la fin du XVIIIème siècle.
Le timide Nemorino est amoureux d’Adina, une fermière riche et instruite qui se moque de ses sentiments. Pendant que ses paysans se reposent, elle leur lit l’histoire de Tristan et Iseult et du philtre d’amour bu par cette dernière. Nemorino aimerait se procurer un philtre semblable. Soudain, le sergent Belcore et ses soldats arrivent au village pour y prendre quartier. Belcore, très sûr de lui, entreprend de faire la cour à Adina et la demande même en mariage, elle ne le décourage pas. Nemorino tente de nouveau d’exprimer ses sentiments à Adina, qui le repousse. Le docteur ambulant Dulcamara fait alors son entrée. Nemorino lui demande le philtre de la reine Iseult pour gagner le cœur d’une femme. Dulcamara lui vend alors une bouteille de vin de Bordeaux en précisant que l’effet ne se fera pas sentir avant 24 heures, à ce moment, il sera parti du village depuis longtemps. Nemorino boit aussitôt le breuvage et se sent tout de suite plus assuré. Certain de l’efficacité de l’élixir, il affecte l’indifférence vis-à-vis d’Adina. Irritée, celle-ci accepte la demande en mariage de Belcore. Le mariage est tout d’abord fixé huit jours plus tard, puis, quand un billet arrive ordonnant le départ des troupes, au jour même. Nemorino prend peur ; triomphante, Adina accepte l’offre de Belcore. Nemorino la conjure d’attendre le lendemain, en vain. Les célébrations des noces commencent, en l’absence de Nemorino. Adina décide de reporter la signature du contrat de mariage, afin de pouvoir pleinement tirer vengeance de Nemorino. Ce dernier retourne consulter Dulcamara qui lui propose une seconde bouteille d’ élixir , mais le jeune homme n’a plus d’argent. Il accepte de s’enrôler dans la troupe de Belcore en échange de 20 écus. Pendant ce temps, les filles du village apprennent que le vieil et riche oncle de Nemorino vient de mourir, léguant sa fortune à son neveu. Nemorino l’ignore encore, mais il est devenu un parti avantageux. Aussitôt, les paysannes l’entourent et se disputent ses faveurs. Déconcerté, Nemorino attribue l’effet à l’élixir. Adina, qui n’est pas davantage au courant de l’héritage, observe la scène avec étonnement. Le docteur Dulcamara lui explique alors la vente de l’ élixir et l’enrôlement de Nemorino. Comprenant tout, Adina se flatte de pouvoir reconquérir le jeune homme, non pas avec un élixir, mais par ses regards et son sourire. Nemorino s’apprête à partir avec la troupe de Belcore. Il a aperçu une larme furtive dans les yeux d’Adina et comprend qu’elle l’aime. Celle-ci rachète l’engagement de Nemorino à Belcore et annonce au jeune homme qu’il n’a plus à partir. Elle lui avoue son amour. Belcore accepte avec bonne grâce sa défaite, il y a d’autres filles de par le monde. En revanche, Dulcamara triomphe : c’est son élixir qui a permis la réunion des deux jeunes gens.
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L’air Una Furtiva Lagrima est devenu un tube, le tube de Luciano Pavarotti
Opéra de Vienne, 2005 – Mise en scène Otto Schenk, Giannetta : Inna Los, Belcore : Leo Nucci, Dulcamara : Ildebrando D’Arcangelo, Nemorino : Rolando Villazon, Adina : Anna Netrebko, Orchestre et Chœur de l’Opéra de Vienne sous la direction de Alfred Eschwé.
Bonus : Mario Lanza : Una Furtiva Lagrima ! Eccezionale !