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« JAZZ MESSENGERS 8 » : DUKE ELLINGTON – JUMP FOR JOY

DUKE ELLINGTON

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 Edward Kennedy Ellington, dit le Duke, est un pianiste, compositeur de jazz, de musique contemporaine et chef d’orchestre. Il est né le 29 avril 1899 à Washington et décédé le 24 mai 1974 à New York. Son orchestre créé en 1923 était un des plus réputés de l’histoire du jazz comme celui de Count Basie. Les musiciens qui le composaient tels que Johnny Hodges, Cootie Williams, Juan Tizol, Paul Gonsalves, Joe Nanton, Harry Carney, Rex Stewart…sont exceptionnels et sont restés longtemps dans l’orchestre. Plusieurs titres, arrangés ou composés par Billy Strayhorn sont devenus des standards de la musique. Duke Ellington est une des personnalités les plus célèbres du XXème siècle. Il a été également un soutien du mouvement des droits civiques en faveur des Afro-Américains, un porte-parole de leur condition socio-politique.

JUMP FOR JOY

En 1941, Duke écrit, sur des paroles de Paul Webster, – parolier de Secret love, Shadows of your smile, The greenleaves of summer, Lara’s theme…– la musique d’une comédie musicale au message social progressiste adressé au peuple noir: Jump for Joy. Elle est créée le 10 juillet au Mayan Theatre de Los Angeles et la chanson-titre donnera lieu à deux versions 78 tours : l’une chantée par Herb Jeffries, et l’autre par Ivie Anderson. Un conflit entre les stations de radio et l’ASCAP bannit des ondes tous les morceaux déposés par Duke antérieurement. Il n’a pas d’autre choix que de renouveler son répertoire pour assurer sa présence sur les radios.L’objectif à long terme de Ellington était d’élargir la forme 3 minutes (longueur pour une face de 78 tours). Duke et Billy Strayhorn composent leur première suite orchestrale de longue durée (environ 45 minutes) : Black, Brown and Beige ; elle raconte l’histoire du peuple afro-américain dans son évolution et son intégration dans la société américaine, et sera jouée pour la première fois à Carnegie Hall le 23 janvier 1943. Toutefois, ces longues compositions n’eurent pas un énorme succès comme en témoigne Jump for Joy qui ne fut jouée qu’une centaine de fois.

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Duke Ellington : « Jump for Joy provided quite a few problems. There was the first and greatest problem of trying to give an American audience entertainment without compromising the dignity of the Negro people. Needless to say, this is the problem every Negro artist faces. He runs afoul of offensive stereotypes, instilled in the American mind by whole centuries of ridicule and derogation. The American audience has been taught to expect a Negro on the stage to clown and Uncle Tom,  that is, to enact the role of a servile, yet lovable, inferior.
Jump for Joy a été la source de plusieurs problèmes. Le premier et le plus important était d’essayer de donner à un public américain un spectacle sans compromettre la dignité du peuple noir. Il va sans dire que c’est le problème que rencontre tout artiste noir. Il se trouve face à des stéréotypes offensifs, insinués dans l’esprit américain par des siècles de ridicule et de dépréciation. On a appris au public américain à attendre d’un Noir sur scène à ce qu’il fasse le clown et agisse en Oncle Tom, c’est-à-dire, à jouer le rôle d’un inférieur servile mais aimable »

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Contrairement à d’autres revues de la même époque qui comme celle-ci présentaient uniquement des artistes afro-américains, Jump for Joy avait un propos très critique sur des thèmes raciaux, avec des chansons comme :

Jump for Joy : Fare thee well, land of cotton – Cotton isle is out of style – Honey child – Jump for joy – Don’t you grieve, little Eve – All the hounds I do believe – Have been killed – Ain’t ya thrilled? – Jump for joy – Have you seen pastures groovy? – Green pastures was just a technicolor movie – When you stomp up to heaven and you meet old Saint Pete -Tell that boy.

(Adieu pays du coton – Le fil de coton est démodé – Chers enfants Sautez de joie – Ne pleurez-vous pas la petite Eve – Tous les chiens, je suis sûr, ont été tués – N’est-ce pas super? Sautons de joie – Avez-vous vu des pâturages excitants? Les pâturages verts n’étaient qu’un film en technicolor – Quand tu montras au paradis et que tu rencontreras le vieux Saint Pierre – Dis lui : sautons de joie – va directement le voir sautes de joie)

Same Old South : It’s a regular children’s heaven- When they don’t start to work until they’re seven

Il Got a Passport from Georgia : Goodbye Jim – And I do mean Crow

Elle contenait de nombreuses chansons qui sont devenues des standards de jazz comme I Got it Bad (and That Ain’t Good) et A Drum mis a Woman.

Duke Ellington a appelé cette revue sa « déclaration la plus importante à propos des droits civiques » ou encore « le premier spectacle avec une signification sociale » Les producteurs reçurent des protestations et même des menaces de mort.

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Le nom Jim Crow vient de la chanson Jump Jim Crow. Cette chanson est une critique des politiques populistes d’Andrew Jackson composée et interprétée en 1832 par Thomas D.Rice qui chante et danse en blackface c’est-à-dire avec le visage et les mains peints en noir. La chanson et le spectacle qui l’inclut rencontrent un vif succès. Dès 1838, Jim Crow est une expression péjorative désignant les personnes noires vivant aux Etats-Unis. L’expression Jim Crow laws (lois Jim Crow) est répertoriée pour la première fois en 1892 dans le titre d’un article du New York Times consacré à la ségrégation dans les trains en Louisiane.

 

Bonus : Symphonie in Black avec Billie Holiday toute jeune.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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