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« LE GRAND MOUVEMENT » : UN GRAND MOMENT DE CINÉMA

 

Un film de Kiro Russo avec Julio César Ticona, Max Bautista Uchasara, Francisca Arce de Aro, Israel Hurtado, Gustavo Milán Ticona

sorti le 30 mars 2022

L’HISTOIRE

Après une marche de sept jours avec ses compagnons, le jeune Elder arrive dans la grande ville, cherchant à être réintégré dans son travail à la mine. Grâce à la vieille femme Mama Pancha, Elder et ses amis trouvent un emploi sur le marché. Mais l’état d’Elder empire, il s’étouffe et a du mal à respirer. Ses amis se cotisent pour l’aider, mais le médecin dit qu’il n’y a pas de remède. Mama Pancha, très inquiète pour Elder qui se meurt, le met en contact avec Max, un sorcier-ermite, qui va essayer de ramener le jeune homme à la vie.

L’AVIS

Le Grand Mouvement s’ouvre par un plan stupéfiant, un long pano-zoom sur la ville de La Paz. Il commence d’on ne sait où et qui avance, avance, avance, de façon implacable, irrémédiable, à nous donner le vertige, vers des façades de la cité. Cette ville est une sorte de monstre anxiogène, où vit une population ou plutôt survie. On est dans l’inhumain, il y a quelque chose de fantasmagorique dans cette introduction. C’est sûr Kiro Russo ne va pas nous raconter une histoire de manière classique !  C’est dans cet espace protéiforme que le héros et ses amis de la mine viennent pour protester de leur condition de travail. Mais ce ne sera pas, comme on le sent petit à petit dans la mise en image par Russo, une simple dénonciation des modes d’exploitations d’un prolétariat dans l’acceptation marxiste du terme. Non, Le Grand Mouvement est un grand moment de cinéma avec une manière de filmer une ville, une manière de filmer une histoire de maladie – le héros se meurt de la silicose – pas du tout, du tout traditionnelle. Il y a une espèce de désordre, de distorsion du temps et de l’espace fascinant dans le cheminement intellectuel de la mise en scène de Russo. On passe de l’intime avec des scènes de magie, de l’indicible, typiques des traditions ancestrales sud-américaine à des mouvements de foules, digne de grands documentaires. Rêve et réalité se confondent en une sorte de maelstrom, de fulgurances formelles à nous donner un vertige artistique rarement vu au cinéma. La menace, la mort planent partout avec des musiques, des sons, dont le montage, le mixage sont à mille lieux de ce qu’on nous a habitué, le cinéma, de manière classique. La lumière, plutôt l’obscurité transforme la réalité en une sensation de rêve, sous la magie de la mise en image par Russo. Ainsi tout le film n’est qu’une succession de scènes qui nous trottent longtemps dans la tête à la sortie de la projection. Kiro Russo est un magicien de l’image, un conteur extra-ordinaire, bref un grand cinéaste.

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