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« THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES » : HÉRODIADE

15 avenue Montaigne, 75008 Paris

vendredi 25 novembre 2022, 19h30

Jules Massenet : Hérodiade

Ekaterina Semenchuk : Hérodiade
Nicole Car 
: Salomé
Jean-François Borras : Jean
Etienne Dupuis : Hérode
Nicolas Courjal : Phanuel
Pawel Trojak : Vitellius
Pete Thanapat ; Le grand Prêtre
Robert Lewis : Une voix dans le temple
Giulia Scopelliti : Une jeune babylonienne
Solistes du Lyon Opéra Studio

Orchestre et Chœurs de l’Opéra National de Lyon
Benedict Kearns :
chef des chœurs

Daniele Rustioni, direction

L’avantage ou l’inconvénient des versions concert, selon les œuvres lyriques, est que nous sommes plus attentifs à la musique et surtout aux textes. Ici avec cette Hérodiade on n’est pas distrait pas la dramaturgie de tel ou tel metteur en scène. Nous entraine-t-il dans une reconstitution kitch hollywoodienne ou nous emmène-t-il dans une adaptation contemporaine sur la problématique d’Israel et de la bande de Gazza ou bien que Salomé est une caissière de super-marché, amoureuse d’un livreur de pizza et qu’elle est  le fruit d’une strip-teaseuse dans un clandé à Tanger marié à son frère un mafiosi local…là on ne s’égare pas visuellement…. Ici avec le texte de Milliet – où est Flaubert ??? – Hérodiade n’est qu’une femme…pas une mère…et Salomé a eu ce qu’elle voulait côté sexe avec Jean contrairement à celle de Richard Strauss. Oublié donc l’histoire de la danse des sept voiles –  aaaah Rita Hayworth comment elle la faisait superbement pour le libidineux Charles Laughton – pour avoir la tête du prophète qui résiste à ses avances. Ici elle l’a eu en entier avant qu’il soit assassiné par le jaloux Hérode et qu’elle se suicide !  On est dans le grand opéra à la française, boursoufflé, plein de bruits et de fureurs. Passé le texte d’un succulent vintage – un avantage ici tous chantent en français, oublié le yaourt de la plupart des représentations internationales – mais pour le chanter, y croire, et apporter la dramatisation en l’absence de jeu de scène, il faut des chanteurs avec des moyens vocaux d’exception ! Massenet sollicite dans le rôle de Jean, un ténor héroïque. Jean-François Borras est un superbe ténor, il n’est pas tout à fait le rôle, mais il a montré avec beaucoup de nuance, sa palette vocale puissante et il nous assez bluffé ! Nicole Car offrait une Salomé avec des moyens vocaux digne d’une grande soprano lyrique. Les duos qu’elle forma avec Borras ont triomphé de la partition et du texte, peu subtil. Sa prestation pleine de passion a séduit tout le théâtre ! Hérode, alias le baryton canadien Étienne Dupuis, et à la ville mari de la Salomé, n’avait sûrement pas beaucoup à faire pour nous convaincre qu’il était amoureux d’elle, belle prestation du tube Vision Fugitive ! Il a un timbre d’une justesse qu’on apprécie dans ce genre de rôle si typique du répertoire français. Avec un plateau où la prosodie était parfaite, Ekaterina Semenchuk dans le rôle d’Hérodiade détonnait. Son timbre, sa puissance vocale était intéressante pour le rôle mais sa diction pâteuse, sa mise en place vocale, était gênante face aux autres interprètes. Nicolas Courjal en Phanuel, s’il avait un peu trop de vibrato dans sa première scène, c’est dans son duo avec Hérodiade – Dors, ó cité perverse! Astres étincelants… – lorsqu’il lui annonce son destin tragique qu’il avait toute l’expressivité vocale nécessaire à cette dramatique scène. Le Vitellius du polonais Pawel Trojak est un rôle court mais ce baryton l’a chanté avec beaucoup de conviction et d’autorité . Le plateau était homogène avec aussi l’excellente basse Pete Thanapat dans le rôle du grand prêtre et la belle voix du ténor Robert Lewis dans la scène émouvante des chants religieux . Ils font partie des Solistes du Lyon Opéra. Mais même si les voix sont à la hauteur, un chœur, un orchestre et une direction doivent être en symbiose. Le chœur et l’Opéra de Lyon sous la direction de Daniele Rustioni nous ont impressionné et la salle du TCE leur a fait un triomphe mérité.

C’était une belle soirée enthousiasmante et surtout de la musique, rien que la musique !

Après un concert-opéra de Haendel de haute volée, cette Hérodiade a tenu ses promesses avec un plateau excellent !  Ce concert sera à (ré)écouter avec bonheur via la retransmission sur France Musique le samedi 7 janvier 2023 à 20h

Le TCE proposera un autre opéra de Massenet  le 4 juillet 2023 : Grisélidis

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