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« MUSÉE DU LUXEMBOURG » : Les NABIS et le Décor

Du 13 mars au 30 juin 2019

Bonnard, Vuillard, Denis, Sérusier, Ranson, Vallotton, Bernard, Roussel, Filiger… jeunes artistes fascinés par la peinture de Gauguin, se regroupèrent pour affirmer leur opposition à l’impressionnisme. Ils se nommèrent les Nabis qui en hébreux et en arabe, veut dire prophètes. Ces personnalités très différentes s’accordèrent à donner à la peinture un rôle essentiellement décoratif avec l’idée d’abolir les frontières entre les différentes disciplines des arts (littérature, musique, théâtre, poésie, philosophie) des religions, de l’ésotérisme. Le Japon était aussi à la mode à cette époque et l’influence de l’art de ce pays se retrouva et dans leur peinture et dans leur manière de concevoir l’art décoratif. A partir de 1888 Siegfried Bing avec sa galerie de l’Art Nouveau popularisa cet engouement et avec sa revue luxueuse fit connaître les techniques traditionnelles japonaises et les grands artistes. L’art décoratif des Nabis s’inscrivit dans ce courant global de renouveau.

L’exposition au petit musée du Luxembourg permet de reconstituer des ensembles décoratifs qui ont été dispersés au cours du temps. Parallèlement à la peinture, elle expose des créations des Nabis dans le domaine de la tapisserie, du papier peint, du vitrail et de la céramique. En quatre sections sont abordés Femmes et Jardin, association symbolique de la femme et de la nature – Pierre Bonnard a été un des premiers à associer la femme et le monde végétal – Les Intérieurs, Vuillard a été très sollicité par ses amis, comme la famille Natason ou des amateurs de peintures modernes pour créer des lieux protégés de toutes intrusions extérieures. Son expérience au théâtre de l’Œuvre l’a beaucoup aidé dans ses créations. La troisième pièce concerne l’Art Nouveau. Siegfried Bing en 1895 demande à Maurice Denis de réaliser une frise décorative pour une chambre à coucher. Ce dernier s’inspire du cycle de lieder de Schumann « L’Amour et la vie d’une femme » pour représenter des épisodes marquant de l’existence féminine. Le décor mélange dans des couleurs bleutées des motifs familiers et des visions symbolistes. Ranson lui choisit plusieurs thèmes liés au travail en plein air des femmes pour ses compositions.

La quatrième et dernière pièce est consacrée principalement à la Légende de Saint Hubert. Denis étant tombé dans un bénitier a peint avec présence de bondieuseries comme il l’a souvent fait dans les dernières années de sa vie, un décor monumental pour Denys Cochin, grand amateur d’art, destiné à orner le cabinet de travail de son hôtel particulier. La succession des panneaux, comme une bande dessinée géante, va depuis le départ de la chasse jusqu’au dénouement avec apparition à Saint Hubert de la croix du Christ entre les bois d’un cerf ! La chasse est ainsi transcendée par les forces spirituelles ! Cochin bien sûr est représenté avec sa famille comme un modèle de famille chrétienne !

Cette exposition originale, assez succincte, avec certaines œuvres de peu d’intérêt mérite d’être vu, mais demande d’être accompagnée par la visite des nombreuses toiles de ces artistes qui existent au Musée d’Orsay – elles sont peu fréquentées par les touristes – et de la petite exposition « Le Talisman de Sérusier », avec son fameux tableau qui représente ce que devra être la peinture des Nabis.

Comme l’a exprimé Gauguin : « La couleur pure ! Et il faut tout lui sacrifier. …L’intensité de la couleur indiquera la nature de chaque couleur : par exemple la mer bleue aura un bleu plus intense que le tronc d’arbre gris, devenu bleu pur mais moins intense. Voilà la vérité du mensonge. »

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