UA-159350346-1

« TILO KOTO » : LA PEINTURE OU LA MORT

un documentaire de Sophie Bachelier et Valérie Malek

sortie le 15 décembre 2021

L’HISTOIRE

Pour le Casamançais Yancouba Badji, le rêve de l’Europe s’arrête brutalement dans le sud tunisien, après avoir tenté de traverser la Méditerranée depuis les côtes libyennes, où il a failli maintes fois perdre la vie. Tilo Koto, c’est l’histoire d’un homme brûlé dans sa chair et son âme par la traversée d’un enfer qu’il sublimera par la peinture.

L’AVIS

Tilo Koto, signifie en mandingue : sous le soleil. Yancouba Badji, de retour au Sénégal, en Casamance, entre deux toiles qu’il peint, sorte d’exutoire à ce qu’il a vécu, raconte face caméra, ou au téléphone avec ses amis qui tentent encore de traverser la Méditerranée, ou avec sa mère qui a déjà perdu deux de ses fils,  ces voyages en enfer pour essayer de rejoindre l’Eldorado, l’Europe. Abandonné par les passeurs, à la quatrième tentative, le 27 mai 2017, son canot pneumatique chargé de 127 passagers est récupéré par la Marine nationale tunisienne. Lui et ses compagnons sont restés trois jours en mer, entassés et debout, sans boire ni manger. Tout ce qu’il raconte est effrayant. La terre de Casamance, terre nourricière, a perdu ses qualités, le Sénégal se meurt. Les images, la parole sont fortes. Ce film est un nième sur ces histoires terribles d’émigrants. On ne peut qu’être toujours secoué par ce qui nous est raconté. La matière est forte, nous sommes dans un documentaire et il y a un vrai travail de montage à faire pour qu’on comprenne où veut en venir la réalisation. Hélas il a été réalisé par une des deux réalisatrices et comme souvent, la réalisation n’a pas la distanciation suffisante pour avoir un discours cohérent. Yancouba Badji a trouvé avec la peinture un moyen pour retrouver une certaine paix intérieure. Aujourd’hui ces toiles sont exposées en galerie. Peinture naïve, intéressante qui l’aidera sûrement à penser ses plaies. Même si le film est assez brouillon son existence est nécessaire, surtout pour ceux qui veulent prendre le large (hélas ils ne sont pas convaincus), pour nous, pour comprendre qu’il y a un vrai travail à faire sur place pour aider ces gens désespérés, mais surtout pour les gouvernants qui n’ont pas la volonté de cesser cette hémorragie. Ils sont toujours absents dans tous ces documentaires qui traitent de cette problématique. Sous le soleil et les pluies de Casamance, pour Yancouba Badji, sa peinture et le moyen cathartique de ne pas mourir. Un espoir ?

Articles similaires

Laisser un commentaire